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La Chine face au défi de la hausse des salaires

Une chaîne de production de Geely Motors, à Cixi en Chine le 21 juin 2012[AFP/Archives]

La Chine est confrontée à une hausse rapide de ses coûts salariaux qui menace sa compétitivité, mais la productivité augmente rapidement dans "l'usine du monde", qui dispose aussi d'autres atouts pour continuer à attirer les investisseurs, selon les analystes.

Le coût de la main d'oeuvre en Chine sera au niveau de celui des Etats-Unis dans quatre ans, de la zone euro dans cinq ans et du Japon dans sept, a mis en garde la banque Natixis dans une étude parue en juin.

Cette évolution va inciter beaucoup d'entreprises du secteur manufacturier à délocaliser leur production vers d'autres pays d'Asie du Sud-Est et du Sud où la main d'oeuvre est beaucoup moins chère, prédit la banque française.

La tendance pourrait même bénéficier à des pays du pourtour méditerranéen comme l'Egypte ou le Maroc, voire à la Roumanie ou à la Bulgarie, d'après Natixis qui affirme que la Chine "ne sera bientôt plus un endroit compétitif pour produire avec la forte hausse des coûts de production".

"Autour de 2015, la fabrication de beaucoup de produits destinés aux consommateurs américains sera aussi bon marché dans certaines parties des Etats-Unis qu'en Chine", anticipaient de leur côté des chercheurs du Boston Consulting Group (BCG) dans une étude publiée en août 2011.

Perte de compétitivité?

Déjà, la société Sleek Audio a rapatrié depuis la Chine en Floride la fabrication de casques haut de gamme, et NCR a ramené de Chine la production de distributeurs de billets dans une usine qui emploiera 870 personnes à Columbus, dans l'Etat américain de Géorgie, à partir de 2014, selon BCG.

Adidas a annoncé la semaine dernière la fermeture de sa dernière usine détenue en propre en Chine, où il possède toutefois encore un réseau de 300 sous-traitants.

Les ouvriers chinois produisant des chaussures de sport sont payés au minimum 2.000 yuans (258 euros). Leurs collègues chez Adidas au Cambodge ne perçoivent eux que l'équivalent de 107 euros, a déclaré la semaine dernière le fabricant allemand.

Malgré le surcoût salarial, les craintes sur une perte de compétitivité de l'industrie en Chine dans son ensemble sont loin d'être partagées par tous les économistes.

"La plus grande part des augmentations de salaire a été compensée par une forte hausse de la productivité" des ouvriers chinois, a déclaré à l'AFP Louis Kuijs, directeur de projet au Fung Global Institute, un organisme de recherche spécialisé sur les économies asiatiques.

La productivité du travail a même augmenté plus vite que les salaires dans le delta de la Rivière des Perles (sud), au coeur de "l'usine du monde", d'après 200 entreprises interrogées au début de l'année par la banque Standard Chartered.

Grèves

Les salaires des 167 millions d'ouvriers migrants, en général parmi les plus mal payés du pays, ont progressé de 14,9% pour atteindre en moyenne 2.200 yuans (282 euros), a annoncé mi-juillet le gouvernement chinois.

En 2010 et 2011, des hausses parfois très importantes avaient été obtenues suite à des grèves dans des entreprises à capitaux japonais comme Toyota et Honda ou après une vague de suicides chez le géant taïwanais de l'électronique Foxconn.

"Après plusieurs années d'augmentation rapide des salaires, du foncier et d'appréciation du (yuan), la part de la Chine dans les exportations mondiales de produits bas de gamme a commencé à chuter", constate Wang Qinwei, spécialiste de la Chine chez Capital Economics.

"Mais cela a été compensé par une part de marché plus élevée dans les produits haut de gamme", ajoute cet expert.

De plus, "le Guangdong (sud) et les autres provinces côtières ont un énorme avantage par rapport à l'Asie du Sud-Est et à l'Asie du Sud en termes d'efficacité de leur réseau de fournisseurs, d'importance des économies d'échelle et de fiabilité de leur environnement d'affaires", a expliqué à l'AFP Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight basé à Pékin.

Enfin, les investisseurs qui délaissent une Chine côtière devenue plus onéreuse peuvent se tourner vers l'intérieur du pays, "où les terrains, les salaires et l'énergie sont moins chers", souligne M. Thornton.

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