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Comment le Pays basque fait fortune avec son piment d'Espelette

La production du piment d'Espelette (Pyrénées-Atlantiques) explose grâce à la notoriété acquise à travers son Appellation d'origine contrôlée (AOC) qui fait vivre quelque 170 producteurs pour le plaisir d'épiceries fines et chefs étoilés.[AFP] La production du piment d'Espelette (Pyrénées-Atlantiques) explose grâce à la notoriété acquise à travers son Appellation d'origine contrôlée (AOC) qui fait vivre quelque 170 producteurs pour le plaisir d'épiceries fines et chefs étoilés.[AFP]

La production du piment d'Espelette (Pyrénées-Atlantiques) explose grâce à la notoriété acquise à travers son Appellation d'origine contrôlée (AOC) qui fait vivre quelque 170 producteurs pour le plaisir d'épiceries fines et chefs étoilés.

A la ferme Belazkabieta d'Espelette, nichée au pied du Mondarrain (749 m), le couple formé par Panpi Olaizola et Leire Iturralde s'apprête à récolter le fruit de 9.000 pieds de piment plantés au printemps sur 0,4 ha.

"C'est un travail entièrement manuel, il faut revenir sans cesse à la tâche, le piment ne peut être ramassé que lorsqu'il est rouge à 100 %" explique Panpi Olaizola.

La récolte est strictement réglementée, puisque l'Appelation d'origine contrôlée obtenue en mai 2000 et qui s'est enrichie en 2008 d'une "Appellation d'origine protégée", prévoit qu'elle doit être manuelle, exclure les "piments blessés, fendus ou nécrosés" et doit être terminée le 30 novembre.

"Le piment mis en corde doit avoir un épiderme sans défaut. Il mesure entre sept et 14 centimètres. Une corde peut comprendre jusqu'à 100 piments," précise Leire Iturralde.

La poudre de piment doit elle provenir exclusivement d'une même exploitation et ne contenir ni colorant, ni additif, ni conservateur.

Le terroir AOC, blotti contre le piémont pyrénéen autour d'Espelette, s'étend sur dix communes du Labourd (une des sept provinces du Pays basque) et concerne seulement une centaine d'hectares, qui jouissent de températures douces en été, d'une pluviométrie unique en France à cette altitude et d'une brise naturelle créée par un relief tourmenté.

Ici, on parle de "caviar pourpre" depuis que le piment a obtenu l'AOC, devenant la seule épice jouissant de titre en France.

Grâce à cette appellation, la production a doublé en quatre ans, atteignant 156 tonnes. Le chiffre d'affaires généré par la filière en 2011 représente 9 millions d'euros, selon le Syndicat de l'AOP Piment d'Espelette, qui, en poudre, se vend à 48 EUR le kilo.

Très apprécié des grands chefs

Sur cette période le nombre de producteurs a augmenté de 60%.

"L'effondrement de certains cours agricoles (porc, lait) a amené des producteurs à revenir au piment d'Espelette, permettant le maintien de certaines exploitations agricoles", explique à l'AFP la présidente du syndicat Martine Damois.

"L'AOP bénéficie désormais d'une demande du marché national en épiceries fines, magasins de terroir, restaurateurs et grossistes", précise-t-elle.

Le piment connaît aussi une demande à l'export de pays européens, du Canada et des Etats-Unis, et de pays asiatiques (Japon).

La filière, précise-t-elle, génère 650 emplois directs.

Le couple de jeunes trentenaires de la ferme Belazkabieta a lui repris l'exploitation familiale construite en 1834.

Y cultivait-on déjà le piment d'Espelette, venu du Mexique et débarqué dans les mallettes de Christophe Colomb avant d'arriver en France, aux alentours du XVIe siècle ?

"Les femmes le cultivaient pour un usage domestique", raconte Panpi Olaizola: "Mes parents l'ont commercialisé à partir de 1972".

Le piment d'Espelette est aussi très apprécié des grands chefs.

Le chef trois étoiles Michel Guérard de l'hôtel-restaurant "Les Prés d'Eugénie" à Eugénie-les-Bains (Landes), est l'un de ses ambassadeurs.

Il "est voluptueux composé d'arômes complexes, à la fois délicat et sensuel. Il dégage un parfum de fruits d'été séchés. Tout peut se marier avec lui à condition qu'on l'utilise avec parcimonie", témoigne-t-il.

Le succès a cependant son revers: les terres, dont les prix flambent, pourraient intéresser de grands groupes agroalimentaires qui chercheraient ainsi à monopoliser un marché rémunérateur.

"Nous devons garder la main", dit Mme Damois: "Nous tentons actuellement de durcir le cahier des charges pour que la filière reste protégée".

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