En direct
A suivre

Les animaux sauvages du Brésil victimes d'un commerce lucratif

Un toucan sauvé du trafic d'animaux sauvages et recueilli dans un centre de soins, au nord de Rio de Janeiro le 17 avril 2012[AFP]

Petits oiseaux chanteurs, grands aras bleus et jaunes d'Amazonie, perroquets verts, singes, tortues, serpents, pumas... le trafic d'animaux n'épargne aucune espèce au Brésil, même celles en voie de disparition. C'est aussi le plus lucratif après la drogue et les armes.

"D'après nos estimations quelque 38 millions d'animaux sauvages - dont 80% d'oiseaux - sont retirés en fraude de la forêt par an au Brésil et près de 90% meurent pendant leur transport", a déclaré à l'AFP Rauff Lima, porte-parole de l'ONG Renctas qui, en 2001, a publié le premier rapport national sur le trafic d'animaux.

Mais cette perte est "largement compensée par la vente d'un seul spécimen" et ces trafiquants gagnent près de deux milliards de dollars par an dans le pays sud-américain, soit le commerce illégal le plus rentable après la drogue et les armes, selon Renctas.

C'est en 2001 qu'a disparu la dernière "ararinha azul" (Cyanopsitta spixii) - le perroquet "Blu" du récent dessin animé "Rio" - en liberté dans l'Etat de Bahia (nord-est) et il n'en reste que quelque 70 autres en captivité dans le monde.

"Ils sont dans la main de collectionneurs particuliers qui les ont acquis illégalement", a souligné Rauff Lima.

La seule police fédérale saisit en moyenne 250.000 animaux par an et l'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) en capture 45.000 lors de contrôles qui ont été multipliés au cours des dernières années dans tout le pays, des chiffres stables depuis 2008.

Au Centre de tri d'animaux sauvages (Cetas) de Rio de Janeiro, un organisme qui dépend de l'Ibama, le vétérinaire Daniel Neves s'occupe de quelque 1.600 animaux recueillis souvent affamés ou malades, victimes des contrebandiers brésiliens.

Situé dans une zone forestière, à 75 km du centre de Rio, le Cetas ressemble à un zoo. Les grands aras disposent d'une longue cage dénommée "couloir de vol" qui leur permet de voler en vue d'une éventuelle remise en liberté.

Ailleurs, 700 cages d'oiseaux sont entassées dans des conditions précaires.

Les animaux "restent en quarantaine jusqu'à ce que leur état de santé s'améliore. Le but est de les relâcher dans la nature mais on n'y arrive que pour 20% à 30% d'entre eux. Les aras pourraient aller dans des zoos mais ils sont déjà surpeuplés", déplore le vétérinaire qui estime que le Brésil "devrait se doter d'une loi d'adoption pour les animaux".

"C'est sûr que celui qui est prêt à adopter un ara aveugle ne lui fera aucun mal", argue le vétérinaire.

"C'est un vrai problème car ils ne sont plus aptes à se débrouiller tous seuls dans la nature", a dit Daniel Neves.

Le Brésil et ses 8,5 millions de Km2 (soit près de 16 fois la France) a la plus grande biodiversité du monde avec l'Indonésie. Au total, on y a dénombré 530 espèces de mammifères, 1.800 d'oiseaux, 680 de reptiles, 800 d'amphibiens et 3.000 de poissons.

D'après le "Livre Rouge" du ministère de l'Environnement, au moins 627 espèces sont en voie de disparition, un nombre qui a triplé en quinze ans.

La législation brésilienne interdit la chasse dans tout le pays ainsi que la détention en captivité de tout animal sauvage, sauf s'il est issu d'élevages autorisés, très rares dans le pays.

Depuis 2001, la police resserre l'étau autour des braconniers et des trafiquants. Le but immédiat de la police est de réduire les bénéfices et d'augmenter les risques des chasseurs et des contrebandiers, ce qui demande un gros travail préalable des services de renseignements, selon elle.

Acheter au marché noir un perroquet vert ou un toucan extrait de son milieu naturel, coûte moins de cent dollars alors qu'il en vaut dix fois plus dans une boutique légale. C'est cette différence de prix qui encourage le trafic, selon la police.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités