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Peut-on nourrir le monde sans pesticides ?

La réalisatrice du documentaire "Le monde selon Monsanto", Marie-Monique Robin donne une conférence sur les OGM, le 05 juin 2008 à Toulouse [Lionel Bonaventure / AFP/Archives] La réalisatrice du documentaire "Le monde selon Monsanto", Marie-Monique Robin donne une conférence sur les OGM, le 05 juin 2008 à Toulouse [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]

Peut-on nourrir les milliards de Terriens avec une agriculture plus écologique et sans engrais chimiques? Après des enquêtes à charge sur Monsanto ou les pesticides, la journaliste militante Marie-Monique Robin a parcouru les continents pour témoigner des réussites de l'agroécologie.

"Les Moissons du futur", dont la version écrite paraît jeudi et la version filmée sera diffusée le 16 octobre sur Arte, clôt la trilogie "alimentaire" de l'auteur du "Monde selon Monsanto" (2008) et "Notre poison quotidien" (2010).

"Après ces films, j'ai participé à des dizaines de conférences où on me demandait: mais est-ce qu'on peut nourrir le monde sans pesticides?", raconte cette "fille d'agriculteurs".

Après avoir rencontré des agronomes, agriculteurs et experts sur tous les continents, du Japon au Mexique en passant par l'Allemagne, le Malawi, le Kenya ou les Etats-Unis, elle livre un verdict sans appel: non seulement on peut produire en quantités suffisantes sans polluer les sols, dit-elle, mais "si aujourd'hui on ne peut pas nourrir le monde, c'est à cause des pesticides..."

Contrairement à ses deux films précédents, "Les Moissons du futur" n'est pas à proprement parler une enquête mais davantage un film/livre de témoignages, au ton plus léger. Une illustration aussi des conclusions d'un rapport publié en mars 2011 par Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation.

Développer l'agroécologie, méthode basée sur le renouvellement des sols en bannissant les engrais chimiques, peut permettre d'améliorer les rendements dans les régions les plus pauvres tout en étant plus adapté au changement climatique, énonçait en substance ce document.

"A hauteur d'hommes"

"Les projets agroécologiques ont montré une augmentation moyenne des rendements de 80% dans 57 pays en développement, avec une augmentation moyenne de 116% pour tous les projets africains", affirmait son auteur.

Marie-Monique Robin est donc partie "sur le terrain, à hauteur d'hommes" voir à quoi ressemblait ces réussites.

Elle s'intéresse par exemple à l'agroforesterie, méthode consistant à planter au milieu des cultures des arbres, capables de capter l'eau plus profondément dans le sol, de maintenir la qualité des sols et de lutter contre l'érosion.

"Les études montrent que les systèmes agricoles les plus productifs sont ceux qui présentent une densité importante d'arbres", rapporte la journaliste.

Au Kenya, la réalisatrice raconte comment des agriculteurs ont remplacé les insecticides par la technique du "push-pull" pour combattre un parasite, la pyrale du maïs: ils ont planté entre leurs rangs de céréales du desmodium, une plante dont l'odeur fait fuir le papillon indésirable, et en lisière de champ de l'herbe à éléphant, qui attire l'insecte mais tue ses larves!

Des techniques à première vue simples mais qui nécessitent en amont un sérieux travail de recherche, allant souvent au-delà du cahier des charges de l'agriculture biologique: "Cette agriculture intensément écologique, c'est très moderne, ce n'est plus l'âge de pierre", rappelle l'ingénieur agronome Marc Dufumier.

("Les Moissons du futur, Comment l'agroécologie peut nourrir le monde", de Marie-Monique Robin, éditions La Découverte, 304 pages, 19,50 euros. Diffusion du documentaire le 16 octobre à 20H50 sur Arte, disponible en DVD à partir du 24 octobre).

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