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OGM: la polémique sur l'étude Séralini relancée avant l'avis de l'Anses

Montage de photos fourni le 19 septembre 2012 par le Criigen montrant des rats atteints de tumeurs après avoir été nourris de maïs OGM [ / Criigen/AFP/Archives] Montage de photos fourni le 19 septembre 2012 par le Criigen montrant des rats atteints de tumeurs après avoir été nourris de maïs OGM [ / Criigen/AFP/Archives]

A la veille de la publication de l'avis des autorités sanitaires sur l'étude du Pr Séralini concernant la toxicité d'un maïs OGM, six académies scientifiques sont montées vendredi au créneau, la taxant de "non-événement scientifique" qui ne permet "aucune conclusion fiable".

"Il est rare, en France, qu'un non-événement scientifique de cette nature suscite de telles passions jusqu'à mobiliser aussi rapidement les membres du Parlement", estiment dans un communiqué les Académies nationales d'Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies et Vétérinaire.

Le Pr Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à Caen, a été auditionné le 9 octobre par deux commissions de l'Assemblée nationale.

Les Académies mettent en avant "de nombreuses insuffisances", notamment statistiques. Elles reconnaissent toutefois ne pas avoir organisé "une expertise approfondie" de l'étude publiée le 19 septembre dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology.

Paul Deheuvels, un membre de l'Académie des Sciences, s'est aussitôt démarqué de cette analyse dans une tribune publiée sur le site du Nouvel Observateur.

Ce statisticien estime que ce "groupe d'experts convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment, dans une absence totale de transparence", ne peut pas "prétendre à incarner l'avis de l'ensemble du monde scientifique français".

Interrogé par l'AFP, Bernard Meunier, délégué à la communication de l'Académie des Sciences, a affirmé qu'"un groupe de travail (avait) été mis en place par les six Académies", et qu'"ensuite, cet avis a été validé par les présidents ou secrétaires perpétuels qui engagent la responsabilité des Académies".

Dans leur avis, les Académies ciblent aussi la stratégie de communication lors de la sortie de l'étude, avec "la publication de deux livres, d'un film et d'un article scientifique, avec l'exclusivité de leur contenu accordé à un hebdomadaire", en l'occurrence le Nouvel Observateur.

Faiblesses des études

Cette prise de position des six institutions intervient alors que l'agence de sécurité sanitaire Anses et le Haut conseil des biotechnologies (HCB), saisis par le gouvernement français, doivent rendre publics lundi leurs avis respectifs sur les travaux du Pr Séralini.

L'agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a déjà estimé que l'étude était "inadéquate" et "insuffisante" pour remettre en question l'innocuité du maïs NK603, dont elle a autorisé la commercialisation au sein de l'UE en 2003.

Le Pr Séralini a estimé cette semaine que son étude avait "des limites statistiques comme toutes les études faites avec dix rats" par groupe étudié. "Mais l'Efsa a autorisé des maïs transgéniques sur la foi d'études avec 5 ou 6 rats, des travaux produits par l'industriel lui-même qui ne communique pas les données brutes de l'étude", a déploré le biologiste.

Cette accusation sur la faiblesse des études réalisées par les industriels est reprise par de nombreux acteurs opposés aux plantes OGM (ONG, Fédération nationale de l'agriculture bio, Attac, Confédération paysanne, etc).

Dans une lettre publiée vendredi et adressée au Premier ministre et aux ministres concernés, ces organisations arguent que "les études présentées par les firmes qui ont obtenu des autorisations de commercialisation de plantes transgéniques montrent toutes encore plus de faiblesses que celles qui sont reprochées à l'étude" du Pr Séralini.

La députée européenne Corinne Lepage, qui soutient ses travaux, a estimé cette semaine que "la carence des études préalables pose la question du fonctionnement des agences réglementaires comme l'EFSA".

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a indiqué attendre l'avis de l'Anses avant de se prononcer. Mais "quoi qu'il arrive" il souhaite "poser la question globale des protocoles d'autorisations sur les OGM".

 

 

 

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