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Le débat sur la transition énergétique crispe les ONG

Des mini-moulins à vent installés par Greenpeace [Frederick Florin / AFP/Archives] Des mini-moulins à vent installés par Greenpeace [Frederick Florin / AFP/Archives]

L'organisation du débat national en France sur la transition énergétique, qui doit débuter mardi prochain, a tourné à la crise de confiance entre ONG et gouvernement, au point que Greenpeace renonce à y participer et d'autres associations posent des conditions.

"L'ouverture du comité de pilotage à des spécialistes des économies d'énergie et des énergies renouvelables est une condition de notre participation au débat", a expliqué à l'AFP mardi Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement (FNE).

"Si tout est verrouillé, cela ne servira à rien et cela se fera donc sans nous", a ajouté le responsable de FNE.

La veille, les principales ONG de défense de l'environnement avaient signé un communiqué commun pour critiquer la composition du comité de pilotage censé animer ce grand débat, dévoilée samedi dans les colonnes du Monde.

Cinq "Sages" feront partie de ce comité, présidé par la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho. Ce qui pose problème aux ONG: la non représentation de la filière des énergies renouvelables et l'absence d'un expert des économies d'énergie, alors que deux anciens dirigeants du nucléaire y figurent.

Il s'agit de l'ex-patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, et de l'ancien administrateur général (2000 à 2002) du Commissariat à l'énergie atomique, Pascal Colombani. Les autres membres sont l'ex-directeur de Greenpeace, Bruno Rebelle, le climatologue Jean Jouzel, et la directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Laurence Tubiana.

Lundi soir, après avoir été reçu par Mme Batho, Greenpeace a annoncé qu'il ne participerait pas au débat qui doit durer plusieurs mois.

"Nous n'avons plus confiance dans ce débat et dans la réelle volonté du gouvernement de réussir la transition énergétique", a déclaré à l'AFP le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard.

 

"Débat fondamental"

Les autres ONG disent comprendre Greenpeace mais espèrent obtenir un "rééquilibrage" du comité de pilotage et des "assurances du gouvernement sur la pluralité des points de vue".

Delphine Batho a affirmé lundi son intention d'assurer "un débat contradictoire, pluraliste et respectueux de la diversité des points de vue".

"Pour le moment on reste, on l'a souhaité ce débat, il est fondamental", a expliqué à l'AFP Mathieu Orphelin de la Fondation Nicolas Hulot, "mais le gouvernement doit rapidement prendre des décisions pour qu'on y croit".

"On veut un rééquilibrage du comité de pilotage et également un spécialiste du débat public", a indiqué M. Orphelin.

Chez les Amis de la Terre, la question de la participation est posée, a indiqué un porte-parole. "Aujourd'hui, le débat semble très mal engagé", a commenté Claude Bascompte.

Au-delà de la composition du comité de pilotage, les ONG ont des attentes sur l'organisation générale des travaux, dont le coup d'envoi est prévu mardi prochain.

Ce jour-là se réunira la Commission nationale sur la transition énergétique, sorte de "parlement" où seront représentés six collèges (Etat, ONG, entreprises, syndicats, élus locaux et parlementaires), un dispositif similaire à la conférence environnementale.

Quelque 80 personnes devraient siéger dans cette instance. "Avec quelle périodicité? Quel lien avec le comité de pilotage, le comité citoyen?", interroge Benoît Hartmann (FNE).

Le débat, qui pourra être prolongé dans les régions, se déroulera en trois phases: information, puis participation du grand public et synthèse des travaux en mai. L'objectif est d'alimenter un projet de loi de programmation devant être déposé en juin.

"Si on veut un débat fécond, il ne faut plus perdre de temps et s'y mettre", estime Benoît Hartmann.

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