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Le diesel : un carburant vedette, cancérogène, avec des normes strictes

Une pompe à essence [Jeff Pachoud / AFP/Archives] Une pompe à essence [Jeff Pachoud / AFP/Archives]

Combien de voitures diesel en France? Pourquoi est-il moins cher à la pompe? Particules fines et dioxyde d'azote, quel impact sur la santé? Tous ces éléments sont au coeur du débat sur l'évolution de la fiscalité du diesel, carburant vedette des Français.

QUESTION: La France (presque) championne d'Europe du diesel?

REPONSE: En 2012, le diesel a représenté 80,1% des carburants consommés en France selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), un record.

Le parc automobile français a connu depuis une vingtaine d'années une très forte "diesélisation". La part actuelle du diesel dans le parc automobile français est de 59,8% selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Elle était inférieure à 10% en 1990 et faisait jeu égal avec l'essence en 2007.

En 2012, 72,9% des voitures particulières vendues en France étaient des modèles diesel, contre 55,2% en moyenne en Europe de l'Ouest. En Europe de l'ouest, seuls le Luxembourg et l'Irlande devancent la France.

Q.: Pourquoi coûte-t-il moins cher à la pompe?

R.: Hors taxe, le diesel n'est pas moins cher que l'essence. Il est même un peu plus cher. Sur le marché de Rotterdam, il coûtait 64 centimes du litre en moyenne en février, contre 61 centimes pour l'essence sans plomb 95.

Son avantage à la pompe (d'environ 20 centimes du litre) est dû à une fiscalité moindre, dont le manque à gagner vient d'être évalué à 6,9 milliards d'euros par la Cour des Comptes.

Cet avantage, qui remonte aux années 60, visait à favoriser l'activité économique, sachant qu'à l'époque "le diesel était exclusivement le carburant des agriculteurs, du transport routier et des entreprises en général", explique Yves-Marie Dalibard de l'Ufip.

Par ailleurs, pour un même trajet à motorisation équivalente, il faut actuellement 15 à 20% de moins de diesel que d'essence.

En 2012, la France a importé environ la moitié de sa consommation de 38,1 millions de tonnes de gazole, une proportion qui ne cesse d'augmenter.

Q.: Quel impact sur la santé?

Un pot d'échappement [Fred Tanneau / AFP/Archives]
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Un pot d'échappement
 

R.: En juin 2012, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé comme "cancérogènes certains" (poumons) les gaz des moteurs diesel.

En France, les pouvoirs publics mettent en avant le chiffre de 42.000 "morts prématurées" par an attribuables aux particules fines, qui pénètrent profondément dans le système respiratoire et provoquent, surtout chez les personnes fragiles, des affections respiratoires (bronchiolites, rhynopharyngites, asthme, etc.) et une surmortalité chez les personnes souffrant de maladies respiratoires et cardiovasculaires.

Toutefois, le diesel n'en est pas la source principale: la part des transports est de 14%, derrière le chauffage domestique (34%), l'industrie (31%) et l'agriculture (21%). En ville, la part des transports dans l'émission de particules fines se situe entre 40 à 80%.

Le chiffre de 42.000 morts est basé sur des émissions de 2000, qui ont depuis évolué à la baisse grâce aux filtres.

Q.: Le diesel, moins polluant qu'avant?

R.: Depuis l'apparition dans les années 90 de normes européennes, les voitures diesel émettent de moins en moins de particules. Depuis 2011, la norme obligatoire (0,005 gramme par kilomètre) est plus de 25 fois inférieure à celle de 1992.

Mais effet pervers: l'installation de certains filtres à particules associés à un catalyseur a entraîné une hausse des émissions d'oxyde d'azote (NO2), surtout observée à l'intérieur des voitures, et qui "induit des effets toxiques sur le système respiratoire", alertait en 2009 l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses).

A partir de 2014, la norme Euro 6 pour les nouveaux modèles portera les émissions d'oxydes d'azote (Nox), dont le NO2, à 0,080 gramme par km contre actuellement 0,180 g.

L'Ademe, l'agence de l'environnement, rappelle que "le renouvellement du parc s'effectuant sur une rotation de 25 à 30 ans, il faut toujours un temps de latence avant qu'on puisse observer les effets des normes sur l'environnement".

Les véhicules diesel les plus polluants, ceux d'avant 2000, représentent 27% du parc en circulation.

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