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Mort de Narumi Kurosaki : Nicolas Zepeda, condamné à 28 ans de réclusion criminelle, fait appel de la décision

Aujourd'hui âgé de 31 ans, Nicolas Zepeda est Chilien et a été extradé de son pays à l'été 2020, afin d'être jugé en France pour l'assassinat de Narumi Kurosaki. [PATRICK HERTZOG / AFP]

Le Chilien Nicolas Zepeda a été condamné ce mardi 12 avril à une peine de 28 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, son ex-petite amie. Il a fait appel de cette décision ce mercredi.

«Nicolas Zepeda a pris la décision d'interjeter appel de l'arrêt rendu hier et l'appel a été enregistré ce matin au greffe», ont indiqué à l'AFP Mes Jacqueline Laffont et Julie Benedetti.

A l'énoncé du verdict ce mardi, l'accusé était resté figé, semblant abattu. Jusqu'à la toute fin du procès, Nicolas Zepeda n'avait cessé de clamer son innocence. Invité, comme le veut la règle, à faire une dernière déclaration avant que les jurés ne se retirent pour délibérer il a répété : «Je ne suis pas l'assassin de Narumi».

«Je n'ai jamais voulu être au milieu de la douleur de la famille de Narumi, j'ai jamais voulu être au milieu de la douleur de ma propre famille, de ma propre douleur», a-t-il assuré, avant d'ajouter, pour la première fois en français : «Je ne suis pas qui je voudrais, mais je ne suis pas un assassin, je ne suis pas l’assassin de Narumi».

La réclusion criminelle à perpétuité requise

La veille, lundi, l'avocat général Etienne Manteaux s'était attaché à démontrer, pendant deux heures, la culpabilité de Nicolas Zepeda, reprenant les éléments du dossier un par un. A l'issue de son exposé, il avait requis la peine  maximale, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité.

Au moment de sa disparition, en 2016, Narumi Kurosaki était en France depuis peu, à Besançon, pour ses études. Elle venait de rompre avec Nicolas Zepeda qui, selon l'accusation, ne l'aurait pas supporté.

L'accusé, aujourd'hui âgé de 31 ans, s'était rendu à Besançon depuis le Chili pour retrouver Narumi Kurosaki, sans la prévenir de son arrivée. Nicolas Zepeda a reconnu avoir passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 dans la chambre étudiante de la victime. Des témoignages ont fait état de «cris stridents de femme» entendus ce soir-là. Narumi Kurosaki n'a plus été revue ensuite et son corps n'a jamais été retrouvé.

Peu de temps avant la disparition de la jeune femme, Nicolas Zepeda avait acheté un bidon de cinq litre de combustible ainsi qu'une boîte d'allumettes. Il est accusé d'avoir tué son ex-petite amie et de s'être débarrassé de sa dépouille dans une forêt du Jura. Il aurait ensuite utilisé les réseaux sociaux de Narumi Kurosaki pour envoyer des messages à ses proches en se faisant passer pour elle et retarder ainsi le lancement des recherches, le temps de rentrer au Chili.

Devant la cour d'assises du Doubs, vendredi, le psychiatre Jean Canterino a souligné le fait que Nicolas Zepeda «a une façon très complexe de répondre à des questions parfois simples». Le signe, selon lui, d'une «personnalité qui a tendance à manipuler autrui». «Si c'est mis à mal, ça peut donner des réactions violentes», a-t-il estimé, même si le Chilien ne présente pas de «dangerosité psychiatrique» et «pas de maladie mentale ou psychique».

Un «probable manque d'empathie»

De son côté, la psychologue Clara Cavignaux n'a pas relevé de «facteurs de risques de récidive» malgré un «probable manque d'empathie». Nicolas Zepeda présente selon elle une «volonté de contrôle sur l'autre», associée à «l'absence de prise en considération de la volonté d'autrui».

Tout au long du procès, l'accusé s'est montré dans le contrôle, répondant aux questions par d'autres questions, enchaînant les explications vagues et reprenant les interprètes chargés de la traduction de l'espagnol au français. Mais, jeudi 7 avril, lors de son ultime interrogatoire récapitulatif, qui a duré quatre heures, il a finalement craqué, sans avouer.

Poussé dans ses retranchements par Me Sylvie Galley, l'avocate de la famille de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda, tremblant et en pleurs, a tapé du poing sur la table avant de crier la phrase qu'il se bornait à répéter : «Je ne sais pas où elle est, je n'ai pas tué Narumi, moi aussi je veux savoir !».

Le déroulé de cette nuit du 4 au 5 décembre 2016 est donc resté incertain, l'accusé se contentant d'affirmer qu'il «dormait». Lors de leurs plaidoiries, lundi, les avocats des parties civiles ont décrit un «menteur, manipulateur, toxique», coupable d'un «crime de sang froid». La défense, de son côté, a souligné les «zones de mystère» de cette affaire et la «constance» de Nicolas Zepeda, qui a toujours clamé son innocence.

Mardi matin, peu avant le verdict, Me Sylvie Galley a regretté l'«absence d'aveux et de réponses» aux questions des proches de la victime. «La famille espérait davantage, elle restera sur une vraie douleur», a-t-elle déploré. Pour Mathieu Husson, le président de la cour, cette condamnation marque la fin d'un procès «particulièrement fort en émotions».

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