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Morale laïque à l'école : ce n'est pas nouveau

L'instruction morale était au coeur du projet de Jules Ferry L'instruction morale était au coeur du projet de Jules Ferry[AFP / Archives]

François Hollande a défendu mardi le projet d'enseigner la morale laïque à l'école, comme l'avait proposé le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon au mois de septembre. Cette proposition est loin d'être nouvelle, elle est au coeur du projet éducatif républicain depuis la période révolutionnaire. Elle a connu son heure de gloire sous Jules Ferry.

Sous l'Ancien régime, l'instruction de l'enfance relève des Congrégations religieuses qui dispensent également une formation morale fondée sur le principe du Décalogue. La Révolution française, en balayant l'Eglise, instaure le culte de la Raison, mais ne rejette pas pour autant la morale. En témoignent par exemple ces Principes de civilité républicaine dédiés à l'enfance et à la jeunesse sous les auspices de Jean-Jacques Rousseau, présentés aux conventionnels dès l'an troisième de la République.

L'Empire, la Restauration et le Second empire permettent à l'Église de regagner une partie du terrain perdu. Mais l'avènement de la IIIe République puis les grandes lois sur l'instruction de 1881-1882 - dites "lois Ferry" qui rendent l'instruction "gratuite, laïque et obligatoire" - inversent le cours des évenements.

Mais ici encore, la morale reste sauve. Elle figure même dans le premier alinéa du premier article de la célèbre loi du 28 mars 1882 qui place l'instruction morale et civique en tête des enseignements que doit dispenser l'école républicaine. Des manuels ad hoc sont alors édités pour étudier cette discipline, comme les Leçons de morale pratique d'Émile Rayot, qui font l'objet de nombreuses rééditions.

Les instituteurs, surnommés "hussards noirs de la République" sont chargés de dispenser cette bonne parole. Durant des décennies, jusqu'à son étiolement dans le sillage des événements de mai 1968, des générations entières d'écoliers seront formées à l'instruction morale et liront ainsi chaque matin, inscrite à la craie sur la tableau noir, la maxime du jour. La tonalité de certaines peut sembler anachronique ("Il faut apprendre à obéir pour savoir commander", "La propreté est la condition de la santé", "Rien ne peut remplacer l'amour d'un père et d'une mère"). D'autres, parfois directement puisées chez les plus grands auteurs français, appartiennent au classiques ("Qui vole un oeuf vole un boeuf", "Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger").

Pas sûr que la "morale laïque" vue par Vincent Peillon puise dans ces antiques références. Mais la morale à l'école laïque est tout sauf une nouveauté.

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