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«Avec le manque de sommeil, on est face à un vrai problème de santé»

Image d'illustration[AFP/Archives]

Teint gris, poches sous les yeux, bâillements à la machine à café...Le manque de sommeil est visible chaque matin dans les transports en commun, en cours ou au bureau. Les français ne dorment pas assez, comme l’explique François Beck, de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.

Les François âgés de 15 à 84 ans dorment en moyenne 7h13 par nuit, selon le Bulletin épidémiologique de l’Institut de veille sanitaire (InVS) publié ce mardi. Ce n’est pas suffisant ?

Il n’y a pas d’accord très précis sur le temps de sommeil « normal » que doivent avoir les gens. Cela dépend du métabolisme de chacun : certains n’ont besoin que de 6 à 7 heures chaque nuit, d’autres plutôt 9. Cela dit, on estime que la bonne fourchette se situe entre 7 et 8h. Avec 7h13 de moyenne, les Français ont une dette de sommeil de 12 minutes (7 minutes pour les hommes, 17 pour les femmes) par rapport au temps de sommeil qu’ils jugent nécessaire pour être en forme le lendemain.

En quoi cela est-il un handicap ?

Le sommeil est aussi bien un risque qu’une protection. Il est particulièrement important dans les premières années de la vie, en permettant à l’enfant de se construire. Puis le temps qu’il faut lui accorder devient de moins en moins important. Son manque entraîne alors des troubles de la vigilance au volant, de la concentration en cours ou au travail. On sait aussi que le manque de sommeil peut être à l’origine de pathologies comme le diabète, les maladies cardiaques, l’obésité. On est face à un véritable problème de santé, avec de vraies conséquences en termes de morbidité.

Peut-on, à l’inverse, trop dormir ?

Difficile, une nouvelle fois, de fixer une limite précise, mais on peut estimer que les personnes qui dorment plus de 10h ne sont pas dans la norme.

Près de 16% de la population souffre d’insomnie chronique. Quelles en sont les origines ?

L’insomnie se traduit par des difficultés d’endormissement ou des réveils précoces la nuit, avec l’impossibilité de se rendormir ensuite. Il y a différents facteurs. Cela provient souvient d’une situation de détresse de la personne, un mal-être psychologique qui finit par déborder sur le sommeil. Mais si ces troubles dépressifs sont un facteur fort, il y a aussi des facteurs sociaux, comme le chômage, la précarité financière.

19% des femmes sont touchés par l’insomnie, contre 11,9% des hommes. Comment expliquer un tel décalage ?

J’aurais tendance à dire que les troubles du sommeil liés aux problèmes de la situation au travail touchent autant les hommes que les femmes lors de la vie active. Mais les femmes sont sans doute davantage confrontées à des situations difficiles au cours de leur vie. Elles ont leurs enfants, la vie de leur foyer. Il y a encore des inégalités de genre entre hommes et femmes, et les soucis domestiques restent encore aujourd’hui, malgré les évolutions, très féminins.

Le tabagisme et l’alcoolisme favorisent-ils les insomnies ?

Pas forcément directement. Mais de manière indirecte, ils peuvent être liés à des difficultés psychologiques, qui elles entraînent des troubles du sommeil.

De manière générale, le sommeil des Français est-il sur la mauvaise voie ?

Nous n’avons pas de données précises sur l’évolution du temps de sommeil des Français. Mais les personnes qui disent avoir eu des troubles de sommeil dans les huit derniers jours étaient 44% en 1995, et 47% en 2010. On a donc un sommeil qui se dégrade lentement.

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