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Un grand cru classé Saint-Emilion passe sous pavillon chinois

Des verres et une bouteille de vin [Pierre Andrieu / AFP/Archives]
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Les Chinois, déjà présents en France dans le Bordelais et plus récemment en Bourgogne, ont franchi une nouvelle étape dans leur conquête des vins français en faisant l'acquisition pour la première fois fin novembre d'un grand cru classé Saint-Emilion.

La transaction, "finalisée", selon le château et l'intermédiaire, le cabinet Franck Lagorce Conseil, est intervenue la semaine dernière. L'acquéreur est un industriel chinois de 45 ans, "Monsieur Wang", qui a des activités dans le fer en Chine.

Ce Chinois a acquis le château de Bellefont-Belcier dans le vignoble bordelais (sud-ouest). La transaction, révélée par le site du magazine Terre de Vins du Groupe Sud Ouest, porte sur un domaine d'une vingtaine d'hectares, "entouré de joyaux" de l'appellation Saint-Emilion, a-t-on précisé.

La négociation durait depuis des mois. Selon une source proche de ces négociations, celles-ci auraient porté sur une fourchette entre 1,5 et 2 millions d'euros l'hectare. Le domaine de Bellefont-Belcier couvre 13 hectares de vignobles, a-t-on précisé au château.

Les "clefs symboliques" ont été remises au propriétaire. Le domaine est situé sur la commune de Saint-Laurent des Combes, près de Saint-Emilion. Aux alentours figurent notamment les vins Pavie ou Larcisse-Dicasse.

Le château Bellefont-Belcier, qui a une petite capacité hôtelière mais peut accueillir jusqu'à 400 personnes pour des mariages ou séminaires, emploie une dizaine de salariés. Ils ont été présentés au nouveau propriétaire chinois. Ce dernier n'a pas donné d'indication sur ses projets pour le domaine, et est reparti depuis en Chine.

La vague d'achats va se poursuivre

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Une vue du village viticole de Saint-Emilion dans le Bordelais
 

Cette acquisition est la plus prestigieuse réalisée ces dernières années par un investisseur chinois dans le Bordelais, où les Chinois ont acheté une trentaine de châteaux depuis quatre ans. Ces domaines étaient, jusqu'à présent, des appellations Bordeaux supérieur ou Côtes de Bordeaux, où l'hectare se négocie autour de 15.000 euros.

Dans le Bordelais, les intermédiaires observent que les acquéreurs laissent les équipes en place et ne touchent pas à la qualité du vin.

Selon des analystes du secteur et spécialistes de l'immobilier viticole, la vague d'achats par des Chinois ne devrait pas s'arrêter là. Elle va même, selon eux, progressivement porter sur des châteaux de plus en plus prestigieux.

Au total, le Bordelais compte 8.000 propriétés. Une quarantaine de domaines appartiennent aujourd'hui à des investisseurs belges, les Chinois arrivant en seconde position. Parmi les autres étrangers propriétaires de domaines figurent des Américains, des Sud-Africains ou des Japonais, récents acquéreurs des châteaux Lagrange et Beychevelle, crus classés en appellation Saint-Julien où l'hectare se négocie à 1,1 million d'euros.

La Chine est devenue depuis l'an dernier la première destination à l'exportation des vins de Bordeaux où ils se vendent dix fois plus chers qu'en France.

En août, c'est un nom prestigieux de Bourgogne (centre-est), Gevrey-Chambertin, qui avait été acquis par un investisseur chinois, pour une somme avoisinant les 8 millions d'euros.

Cette vente record d'une propriété classée du XIIe siècle avait provoqué l'émoi chez les viticulteurs, inquiets d'une "déferlante" d'investisseurs étrangers, avec pour conséquence une flambée des prix du foncier. L'investisseur chinois, Louis Ng Chi Sing, avait alors assuré qu'il voulait faire travailler les professionnels de la région.

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