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Joëlle Le Moal (InVS) : "C'est une mise en garde sérieuse"

Joëlle Le Moal.[DR]

Le sperme français en déclin. Une étude française menée sur 26 600 hommes, publiée mercredi 5 décembre dans la revue "Human Reproduction", montre un déclin "significatif" de sa concentration en spermatozoïdes entre 1989 et 2005 en France. Elle est en baisse de 32,2% sur 17 ans. A cela s'ajoute une qualité en berne. La proportion de spermatozoïdes de forme normale a chuté de 33,4% sur la même période. 

Selon Joëlle Le Moal, épidémiologiste à l'Institut national de Veille Sanitaire et l'une des auteurs de l'enquête, il faut se pencher au plus vite sur les causes de cette dégradation. 

Vous concluez sur une baisse de la quantité et de la qualité du sperme. Ces résultats vous inquiètent-ils ?

Nous avons d’abord été étonnés. Nous ne nous attendions pas à une baisse aussi importante. Mais, nos échantillons proviennent d’une base quasi unique au monde, regroupant les tentatives de fécondations sur toute la France.

Avec des données aussi riches, cela nous laissait finalement peu de doutes. C’est donc bel et bien une mise en garde sérieuse. Nous avons des raisons de nous préoccuper.

Depuis vingt ans, des études scientifiques sont publiées sur la question de la dégradation de la qualité du sperme, certaines dressant le même constat que vous, d’autres allant à l’opposé….

C’est vrai, mais elles se limitaient à un panel de quelques centaines de personnes ou sur une petite zone géographique (ville, région).

C’est donc la première fois qu’une étude est réalisée à l’échelle d’un pays et portant sur plus de 26 000 personnes. Nous avons donc des résultats robustes.

Dernier point, nous n’avons pas choisi les hommes sur un critère de fertilité, donc la part du hasard est proche de celle existant dans la société.  

Quelles conséquences cette diminution peut elle avoir sur l’homme ?

D’abord, sur la fertilité même de l’homme. Mais, aussi, sur le devenir même d’un individu. Ce sont des cellules essentielles pour son développement qui sont en train de se détériorer.

Une étude danoise [publiée en 2009] avait par exemple établi un lien entre la qualité des spermatozoïdes et l’espérance de vie des hommes. Il faut donc comprendre les causes de cette dégradation.

Elles sont peut-être d’origine nutritionnelle. Le lien avec l’environnement (produits toxiques, augmentation des températures…) est aussi à déterminer. 

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