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Il y a 15 ans, le préfet Erignac était assassiné à Ajaccio

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy dévoile une plaque commémorative le 16 octobre 2003 sur les lieux de l'assassinat du préfet Claude Erignac à Ajaccio Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy dévoile une plaque commémorative le 16 octobre 2003 sur les lieux de l'assassinat du préfet Claude Erignac à Ajaccio [Olivier Laban-Mattei / AFP/Archives]

"A la mémoire de Claude Erignac, lâchement assassiné en ce lieu le 6 février 1998": Ces mots en lettres d'or sur une plaque de marbre noir rappellent humblement à Ajaccio où, il y a quinze ans, tomba le préfet de Corse, le séisme que provoqua ce crime.

Comme chaque année, le successeur de Claude Erignac, le préfet Patrick Strzoda, s'inclinera mardi devant cette plaque apposée rue Colonel Colonna d'Ornano, près du centre de la Cité impériale.

La veuve du préfet et leurs deux enfants seront reçus mercredi à l'Elysée par le président François Hollande.

C'est seul et à pied, le soir du 6 février 1998, que Claude Erignac se rendait, peu après 21h00, au théâtre Kallisté où l'attendait son épouse pour un concert de musique classique.

A quelques pas de la petite salle de spectacle, le haut-fonctionnaire, qui refusait une protection rapprochée, tombait sous les balles d'un tueur lui tirant dans le dos avant de se fondre dans la nuit.

Trois projectiles de calibre 9 mm dont l'un tiré dans la nuque à bout portant et deux pour l'achever à terre, avec un pistolet Beretta abandonné sur place. L'arme avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio.

L'assassinat du préfet provoqua une onde de choc en Corse où ce grand serviteur de l'Etat cultivé et sportif, proche de la population, était apprécié.

Les jours suivants, des dizaines de milliers d'insulaires exprimèrent leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.

L'assassinat fut revendiqué le 9 février par un groupe anonyme. Une "piste agricole" fut immédiatement privilégiée par la Division nationale anti-terroriste (DNAT) avec l’arrestation de deux militants nationalistes qui purgeront pour rien de longs mois de prison.

Le 21 mai 1999, quatre hommes arrêtés passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l'homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d'être le tireur.

Sept nationalistes sont mis en examen fin mai: Pierre Alessandri, Vincent Andriuzzi, Alain Ferrandi, Marcel Istria, Didier Maranelli, Martin Ottaviani et Joseph Versini. Un huitième, Jean Castela, est mis en examen le 2 décembre 1999.

Ils comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre d'entre eux mettent Colonna hors de cause.

Ferrandi et Alessandri sont condamnés à perpétuité pour assassinat, les autres à des peines de 15 à 30 ans pour complicité. Andriuzzi et Castela, présentés par l'accusation comme les "théoriciens", feront appel et seront acquittés en 2006, au terme de huit ans de préventive.

"Junte birmane"

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Portrait diffusé par la police d'Ivan Colonna après son arrestation en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Erignac
 

Colonna, arrêté le 4 juillet 2003 dans une bergerie près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud), est disculpé en septembre 2004 par Alessandri qui s'accuse d'être l'auteur du tir.

Le 13 décembre 2007, après cinq semaines de procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, Colonna est condamné à perpétuité et fait appel.

Au procès en appel, en février 2009, la défense dénonce un "simulacre de justice". L'un des avocats, Me Antoine Sollacaro, assassiné en 2012 à Ajaccio, compare la cour à une "junte birmane".

Colonna et ses défenseurs quittent le procès après un refus d'organiser une reconstitution. Condamné le 27 mars à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, il se pourvoit en cassation et obtient celle-ci en 2010.

Après avoir déclaré n'avoir "jamais tué" personne, il est de nouveau condamné, le 20 juin 2011 au troisième procès, à la réclusion à perpétuité. La cour motive notamment sa décision par les mises en causes des autres membres du commando et de leurs épouses. Il se pourvoit à nouveau en cassation.

La condamnation de Colonna, 53 ans, est définitive le 11 juillet 2012 avec le rejet du pourvoi par la cour de cassation. Sa défense a saisi le 11 janvier la cour européenne des droits de l'homme pour atteinte au procès équitable.

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