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Deux ans après le meurtre de la joggeuse de Bouloc, la traque continue

Des gendarmes effectuent des recherches dans les environs de Bouloc, le 17 février 2011, après la dispartion d'une joggeuse [Eric Cabanis / AFP/Archives] Des gendarmes effectuent des recherches dans les environs de Bouloc, le 17 février 2011, après la dispartion d'une joggeuse [Eric Cabanis / AFP/Archives]

Les enquêteurs continuent à déployer une énergie exceptionnelle pour retrouver le meurtrier de Patricia Bouchon, deux ans après le jogging funeste au cours duquel cette femme sans histoire a rencontré son tueur sur une route de campagne du Sud-Ouest.

Le procureur de Toulouse, Michel Valet, et les enquêteurs le disent: très peu d'affaires de ce genre en France mobilisent encore, aussi longtemps après, une quinzaine de gendarmes en continu.

Pourquoi? Il y a la vérité due à la famille, disent-ils. Il y a l'horreur des faits survenus à une femme comme les autres, se livrant à une activité partagée par tant d'autres, dont certaines ont subi le même sort, dit le procureur.

Et puis il y a la foi des enquêteurs, convaincus qu'ils mettront la main sur le meurtrier et que leur détermination déjouera la mauvaise fortune qui s'est acharnée sur la victime, puis sur la traque du tueur. "Jusqu'à présent, il n'y a eu aucun facteur chance", dit la fille unique de Patricia Bouchon, Carlyne, 28 ans.

Patricia Bouchon, 49 ans, secrétaire dans un cabinet d'avocats toulousains, est partie le 14 février 2011 vers 04H30, comme chaque matin, faire son jogging sur les routes de Bouloc (Haute-Garonne), à 27 km au nord de Toulouse. Cette femme mince d'1m60 et 50 kilos, aux cheveux châtain clair, devait décrire sa boucle habituelle, rentrer prendre une douche et son petit-déjeuner, puis partir travailler.

Elle n'est jamais revenue à la maison où, avec son mari, elle avait emmenagé deux ans auparavant, un peu à l'extérieur de cette commune de 4.000 habitants où la classe moyenne toulousaine recherche "la ville à la campagne".

Pendant des jours, la famille a voulu croire à un accident, même quand, dans un chemin à quelques centaines de mètres de chez elle et un peu à l'écart de la route, on a retrouvé des traces de sang, une boucle d'oreille et un chouchou pour ses cheveux. Pendant des jours aussi, des centaines de gendarmes ont ratissé bois, champs et vignes. Pendant ce temps, Bouloc, qui n'avait jamais connu que quelques cambriolages, se demandait s'il abritait un criminel, se rappelle le maire, Christian Faurie.

Des personnes participent à une marche blanche, le 14 février 2012 dans le village de Bouloc, un an après la disparition de Patricia Bouchon [Remy Gabalda / AFP/Archives]
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Des personnes participent à une marche blanche, le 14 février 2012 dans le village de Bouloc, un an après la disparition de Patricia Bouchon
 

C'est le 29 mars seulement qu'un chasseur a retrouvé le corps, immergé dans un conduit d'eau sous une petite route de Villematier, à 14 km de Bouloc.

L'autopsie révèle que Patricia Bouchon est morte les vertèbres et le crâne enfoncés par les coups. Son meurtrier a aussi essayé de l'étrangler. Il lui a enfoncé un gant en latex dans la gorge. Il n'aurait pas abusé d'elle.

La victime s'est défendue âprement. Tout s'est ligué contre elle, disent les enquêteurs et les proches. Les rares voisins ont perçu du bruit. Ils ont entendu un homme dire: "Excuse-moi, excuse-moi". Il aurait peut-être suffi qu'ils sortent pour faire fuir l'agresseur ou le faire arrêter. Car, avance une source proche de l'enquête, le meurtrier serait resté là un moment, désemparé.

Les enquêteurs croient peu au prédateur sexuel qui aurait prémédité son geste de longue date. Ils privilégient le scénario du crime de circonstance commis sur une pulsion par un homme qui ne s'attendait pas à ce que les choses tournent aussi mal. Mais comment retrouver un tel homme, surtout s'il ne récidive pas?

Les gendarmes ont un ADN partiel, des traces de pneus, des témoignages et même un portrait-robot. Sur ces routes densément parcourues par les travailleurs en direction de Toulouse, un chauffeur s'est retrouvé brutalement nez à nez avec une voiture tous feux éteints avec un homme à bord.

La famille réclame la plus large diffusion de ce portrait. La justice s'y oppose, avec l'apparent souci de ne pas susciter des témoignages farfelus.

Des experts de la brigade scientifique font des relevés à l'endroit où ont été retrouvés les effets personnels de Patricia Bouchon, une joggeuse disparue, le 15 février 2011 [Pascal Pavani / AFP/Archives]
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Des experts de la brigade scientifique font des relevés à l'endroit où ont été retrouvés les effets personnels de Patricia Bouchon, une joggeuse disparue, le 15 février 2011
 

L'ADN confronté aux bases de données nationales n'a rien donné. Les enquêteurs ne désespèrent pas que les avancées rapides de la science permettent de l'exploiter plus efficacement.

Une dizaine d'individus ont été placés en garde à vue avant d'être mis hors de cause.

Ce ne sont pas les éléments qui manquent, dit une source proche de l'enquête: "Jusqu'alors ils ne sont pas assemblés comme il fallait. Mais, à un moment, on refermera la nasse. On l'aura", dit-elle.

Frappée par le malheur, la famille de Patricia Bouchon "replonge" chaque fois qu'elle entend parler de disparition, dit sa fille. Mais elle n'est pas animée par le désir de vengeance. Elle veut savoir. La famille organise samedi à Bouloc une marche silencieuse pour lui rendre hommage, avec l'espoir de raviver un souvenir capital chez un témoin clé.

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