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Violences scolaires : les édifiantes conclusions d'une enquête

Eric Debarbieux, le 31 mars 2010 [Francois Guillot / AFP/Archives] Eric Debarbieux, le 31 mars 2010 [Francois Guillot / AFP/Archives]

Près d'un tiers des personnels des collèges et lycées ressent de la violence dans ces établissements, selon une enquête dévoilée mardi, point de départ d'une politique de prévention alliant formation dédiée et soutien des victimes.

"On n'est pas dans une école à feu et à sang", a toutefois précisé à l'AFP Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, fonction installée en novembre par le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon.

Mais il est "inacceptable" que trois répondants sur dix jugent le climat plutôt mauvais, d'autant qu'il est "plus dégradé dans les zones plus difficiles socialement, et que les agressions", essentiellement verbales, "y sont plus nombreuses".

M. Debarbieux a souligné la "relative rareté des violences physiques", lors de la présentation de l'enquête, première du genre dans le secondaire. "Si on relativise la fréquence, on ne relativise pas la gravité", a-t-il précisé, déplorant que les victimes soient trop souvent seules.

"Les insultes, c'est monnaie courante, être prof aujourd'hui c'est vraiment dur", relate Romain, professeur dans un collège Eclair (écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite) du Val-de-Marne, qui "passe plus de temps à gérer la classe qu'à faire cours".

"Les téléphones portables sont la principale source de tension dans les classes", précise-t-il. "La semaine dernière, j'ai voulu confisquer un téléphone à un élève qui consultait Facebook en plein cours, mais il a très mal réagi et m'a poussé".

"Pour étudier, pour enseigner, pour apprendre, on a besoin de sûreté, de tranquillité", a déclaré Vincent Peillon, déplorant toutefois que les affaires de violence soient souvent instrumentalisées "à des fins politiques".

"C'est facile de se rendre devant un établissement où il y a eu un drame et de dire +plus jamais ça+", a commenté le ministre, promettant une action de long terme.

Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, le 25 février 2013 à Gonesse [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, le 25 février 2013 à Gonesse
 

"Des pistes d'action" se dégagent à partir de l'enquête sur le secondaire, a indiqué M. Peillon, citant notamment la formation des personnels, qui sera prise en compte dans les futures Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE) et le travail en équipe. Il faudra "mieux mailler notre réseau d'alerte et d'accompagnement des victimes".

"Les hôtesses de l'air sont formées à la gestion du stress de leurs passagers", mais les enseignants français "n'ont pas été formés à ça", a relevé M. Debarbieux. Il a annoncé la mise en place d'un "groupe de plusieurs centaines de personnes qui vont pouvoir diffuser ce type de savoir".

Autre axe prévu : revoir les sanctions et punitions, pour aller vers une justice "réparatrice".

"Il y a des traitements de la violence qui sont eux-mêmes violents et qui l'amplifient", a relevé le ministre. L'exclusion d'un élève harceleur, par exemple, ne l'empêchera pas nécessairement de recommencer à son retour, a fait valoir M. Debarbieux, prônant une justice non pas laxiste mais éducative.

Il s'agit par exemple d'imposer des heures de travaux d’intérêt collectif auprès de pompiers à un élève qui aurait abîmé un extincteur.

La délégation ministérielle planche aussi sur des protocoles de gestion de crise pour les établissements. "Il faut arrêter l'amateurisme", a estimé M. Debarbieux, pour qui un enseignant ne devrait pas être laissé tout seul face à une situation conflictuelle, comme cette institutrice dont un élève a cassé six fois la porte de sa classe.

La campagne de lutte contre le harcèlement, mise en place par l'ancien ministre Luc Chatel, sera relancée.

M. Peillon a salué par ailleurs le "premier bilan positif" des assistants de prévention et de sécurité (APS), nouveau métier dans les établissements, qui sera pérénisé.

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