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La théorie du genre, nouvelle fronde des anti-mariage gay

Des opposants au mariage pour tous manifestent près des Invalides, le 26 mai 2013 à Paris Des opposants au mariage pour tous manifestent près des Invalides, le 26 mai 2013 à Paris [Eric Feferberg / AFP/Archives]

"Papa porte une robe": ce livre pour enfants destiné à évoquer les stéréotypes homme-femme hérisse les opposants au mariage homosexuel qui ont fait de l'"invasion de la théorie du genre" dans notre société leur nouveau cheval de bataille.

Dix jours après leur dernière manifestation contre le mariage pour tous, c'est sur ce thème que des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi soir à Paris au pied du ministère de la Famille à l'appel de la Manif pour tous.

Ils entendaient dénoncer notamment la possibilité d'évoquer ces questions dès l'école primaire comme le recommandait un amendement sur "l'éducation à l'égalité de genre", finalement rejeté dans la nuit de mardi à mercredi par les députés qui ont ainsi rallié les sénateurs.

Lors de l'examen du texte au Sénat, en mai, la formule selon laquelle l'école "assure les conditions à l'égalité de genre" a été remplacée par l'acquisition et la compréhension de "l'égalité entre les femmes et les hommes".

"Perversion", "idéologie totalitaire", "propagande": les manifestants ont des mots très forts pour évoquer cette "théorie qui nie la réalité biologique", d'après eux. Et pour les opposants au mariage homosexuel, "la loi Taubira est le cheval de Troie des défenseurs de la théorie du genre dans la société".

Frigide Barjot (c), Clément Borioli (g) de Homovox.com et Xavier Bongibault, le 29 mai 2013 à Paris [Fred Dufour / AFP/Archives]
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Frigide Barjot (c), Clément Borioli (g) de Homovox.com et Xavier Bongibault, le 29 mai 2013 à Paris
 

Apparue dans les années 70 aux Etats-Unis sous le terme de "gender studies", il ne s'agit pas d'une théorie, d'après des scientifiques, mais d'études qui s'interrogent sur les identités sexuées et sexuelles et sur la manière dont les normes se reproduisent jusqu'au point de paraître naturelles.

Ces études, issues des sciences humaines, affirment que l'identité sexuelle n'est pas déterminée uniquement par le sexe biologique mais également par la société, à l'instar de ce qu'écrivait Simone de Beauvoir: "On ne naît pas femme, on le devient".

"Une déviation, une folie, un crime"

"Dire que le sexe d'une personne a peu d'importance, en niant l'importance d'être un homme ou une femme, c'est très grave et nous sommes scandalisés que l'on puisse troubler des enfants à un âge tendre avec cette théorie", explique Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, qui estime que cette théorie "se diffuse dans pas mal de textes parlementaires, à destination des fonctionnaires par exemple".

Il y a quelques jours, sur son blog, Bernard Debré, député UMP de Paris, allait même encore plus loin: "C'est une déviation, une folie, mais je crois même qu'il s'agit d'un crime. On n'a pas le droit d'aller contre la vérité et la théorie du genre est un mensonge".

Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, le 5 mai 2013 à Paris [Loic Venance / AFP/Archives]
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Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, le 5 mai 2013 à Paris
 

En décembre, quelque 70 députés UMP avaient déjà réclamé une "commission d'enquête" sur l'introduction et la diffusion de la théorie du "gender" en France. Il dénonce une théorie "contre nature car s'opposant à +ce que nous donne la nature, en particulier les corps sexués+ et comme contradictoire avec l'équilibre social et politique", explique Réjane Sénac, chercheur au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po.

Cette dernière regrette d'ailleurs que Vincent Peillon, le ministre de l'Education, "se soit positionné +contre la théorie du gender+ avant tout, car en employant cette expression, il valide une rhétorique niant la scientificité des études de genre et dépolitise la construction sociale des inégalités".

Cette nouvelle levée de boucliers d'une partie de la droite reprend des arguments déjà énoncés en 2011, au moment où ce thème avait fait son entrée dans les programmes de Sciences de la vie et de la terre (SVT) au lycée, au grand dam aussi de l'Eglise.

Mais cette fronde pourrait prendre cette fois-ci plus d'ampleur, puisque le mouvement contre le mariage homosexuel a repris le flambeau et diffuse sur le web textes et videos sur le sujet.

Lancé depuis quatre mois par l'UNI, syndicat étudiant de droite, très présent au sein des manifestations des derniers mois, "l'observatoire de la théorie du genre" affirme notamment offrir aux Français "les informations et les outils conceptuels nécessaires pour ouvrir les yeux" sur cette "théorie".

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