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L'interception d'un go-fast, opération délicate et risquée

Des sacs d'héroïne saisis par les douanes le 4 février 2011 à Versailles et le véhicule Go-Fast  dans lequel ils ont été découverts [Marc Bonodot / Douane française/AFP/Archives] Des sacs d'héroïne saisis par les douanes le 4 février 2011 à Versailles et le véhicule Go-Fast dans lequel ils ont été découverts [Marc Bonodot / Douane française/AFP/Archives]

L'interception d'un go-fast en mouvement, comme celle qui a provoqué la mort d'un automobiliste sur l'A9 près de Narbonne, reste une opération délicate qui met en jeu la sécurité des forces de l'ordre et des automobilistes.

L'un des trois véhicules des trafiquants, une voiture allemande de grosse cylindrée avec 178 kg de cannabis, a attiré l'attention de motards des douanes qui l'ont prise en chasse dans le sens Perpignan/Béziers.

Lors de la course-poursuite, la voiture, en slalomant entre les automobilistes, a percuté à 240 km/h un 4x4 noir qui roulait sur la file du milieu. Le conducteur, éjecté de sa voiture et mort sur le coup, est la première victime collatérale dans une interception de go-fast.

Depuis le début de l'année, cinq go-fast ont été interceptés pour un total de trois tonnes de cannabis saisies.

"Stopper un go-fast, c'est délicat et risqué pour les forces de l'ordre et les automobilistes présents dans le secteur", explique sous couvert de l'anonymat un spécialiste qui a participé à plusieurs interceptions de go-fast. "Il n'y a que deux solutions, poursuit-il, bloquer le ou les véhicules au péage ou les intercepter sur l'autoroute même. Quitte à le laisser filer si les conditions de sécurité ne sont pas réunies".

 

Malfaiteurs très déterminés

Un convoi go-fast compte au moins deux véhicules très puissants, généralement des 4x4 volés. Une voiture "ouvreuse" détecte policiers, gendarmes ou douaniers et une "porteuse" emporte jusqu'à 800 kg de cannabis. Dans certains cas, un troisième véhicule "ferme" le convoi pour repérer les forces de l'ordre venant par l'arrière.

Au volant, les malfaiteurs communiquent par téléphones portables changés fréquemment pour éviter les écoutes. En raison de la valeur de leur cargaison, qui peut atteindre les trois millions d'euros, les malfaiteurs sont très déterminés et n'hésitent pas à faire demi-tour sur l'autoroute à la vue d'un barrage ou à passer en force les péages.

En face, une seule consigne pour les forces de l'ordre : la plus grande prudence pour éviter tout accident grave. Ainsi le GIGN, qui a intercepté en 2012 une dizaine de go-fast, monte chaque opération avec minutie et des moyens matériels et humains affûtés : hélicoptère pour filer discrètement le convoi go-fast; équipe d'intervention du GIGN de 25 hommes avec une dizaine de véhicules; appui de gendarmes locaux.

Ces gendarmes d'élite ont tous suivi des stages de conduite rapide et savent percuter un véhicule pour l'immobiliser. Ils vont isoler le véhicule portant la drogue en créant, si nécessaire, un bouchon, au péage ou sur l'autoroute.

Ainsi en février 2011, près du viaduc de Millau (Aveyron) sur l'A75, les gendarmes avaient simulé un accident pour neutraliser les voies sur l'autoroute devant le convoi go-fast. A 5 km à l'arrière du go-fast, les gendarmes avaient créé un autre bouchon à l'aide de trois poids lourds de 38 tonnes pour créer une "bulle de sécurité" pour leur intervention qui leur avait permis de saisir 1,2 tonne de cannabis.

Un go-fast intercepté avec 300 kg de cannabis

Carambolage sur l'A9 lors d'une intervention de la gendarmerie

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