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Paris replie ses transats, les goélands posent leurs valises

Vue prise devant la cathédrale Notre-Dame de Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives] Vue prise devant la cathédrale Notre-Dame de Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

Bientôt la fin de l'été et une fois les transats de Paris Plage repliés, la capitale cessera de jouer les cités balnéaires. A moins de fermer les yeux et d'écouter les cris des goélands, de plus en plus nombreux installés en ville à l'année.

"Ca fait une vingtaine d'années que les premiers goélands se sont mis à se reproduire à Paris, et c'est un phénomène qui augmente, sans pour autant être une explosion", explique à l'AFP Frédéric Malher, vice-président du Centre ornithologique Ile-de-France (Corif).

L'un des premiers couples, en 1989, était "une femelle captive de la ménagerie du Jardin des Plantes et un mâle libre", raconte-il.

Aujourd'hui, ils sont une cinquantaine de couples installés aux quatre coins de la ville, en haut d'immeubles qui leur rappellent leurs falaises de bord de mer, estime M. Malher, qui a coordonné l'Atlas urbain des oiseaux nicheurs de Paris.

A raison d'un à deux enfants par couple, cela fait environ 200 oiseaux marins qu'il ne faut pas confondre avec les mouettes, avertissent les spécialistes.

Ces dernières, notamment la plus commune, la rieuse, font depuis très longtemps partie du paysage des grands parcs de la capitale.

Elles ne posent leurs bagages à Paris que lors de leur période d'hivernage, moins rigoureuse que dans leurs régions d'origine, souvent l'Europe de l'est et centrale, et repartent autour de mars.

Pour les profanes, la Mairie de Paris détaille, sur son site Internet, les différences entre les deux espèces: la mouette est en général plus petite, le plumage de sa tête est "brun-chocolat en période nuptiale" et son bec "rouge sombre", alors qu'ils sont respectivement blanc et jaune chez le goéland.

Et les plus mélomanes peuvent même y écouter les cris respectifs des deux oiseaux: "Rrrrii rrrrii rrrrii rrrrii TE-E-E-E-ER TE-E-E" pour les mouettes, "Iyo iyo iyo GA-GA-GA-GA-GA" pour les goélands argentés, les plus répandus dans la capitale et qu'on trouve essentiellement le long des côtes d'Europe de l'ouest, selon une tentative de transcription de la mairie.

Comme chez Hitchcock

Vue prise place de la Concorde à Paris [Joel Saget / AFP/Archives]
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Vue prise place de la Concorde à Paris

Un cri qui évoque immanquablement les embruns et l'iode, sauf pour les Parisiens qui vivent juste sous les nids des goélands dont les décibels peuvent vite transformer leur vie en enfer.

"Un goéland tout seul qui se met à +goéler+, on a l'impression qu'ils sont trois ou quatre", souligne M. Malher.

Et outre le bruit, "c'est un peu le même problème que les corneilles", explique-t-il. "Ils se nourrissent de tout et n'importe quoi, et ils vont déchirer les poubelles".

Mais Paris est bien loin de connaître les problèmes que doivent affronter des villes côtières comme Dieppe, Lorient, ou Brest.

Là, les populations de goélands sont autrement importantes, et les oiseaux peuvent se révéler une véritable nuisance, chapardant la moindre nourriture, jusqu'à guetter en bande les terrasses de restaurants dans des scènes dignes des Oiseaux d'Hitchcock.

A Paris, "on a eu deux, trois personnes notamment dans Le Marais qui se sont plaintes du bruit", indique-t-on à la Mairie. Mais les goélands argentés sont une espèce protégée, et la Mairie ne peut que proposer de poser des "dispositifs anti-nidifications" comme des petites piques ou des filets.

Des dérogations peuvent être néanmoins octroyées par les préfectures pour stériliser les oeufs, notamment en les recouvrant d'un vernis qui étouffe l'embryon.

"Mais s'ils sont en ville, c'est qu'ils ont à manger", relève M. Malher. "Et c'est comme les pigeons, on peut faire tout ce qu'on veut, tant qu'ils trouveront à manger aussi facilement, ils se reproduiront de plus en plus", et continuer à être des figurants de premier ordre pour les prochaines éditions de Paris Plage.

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