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Décès de Vergès : concert de louanges avec bémols

L'avocat Jacques Vergès, le 14 août 2007 à Amiens [Denis Charlet / AFP/Archives] L'avocat Jacques Vergès, le 14 août 2007 à Amiens [Denis Charlet / AFP/Archives]

"Immense avocat, courageux et indépendant", Jacques Vergès, décédé jeudi soir à Paris à 88 ans, a reçu un hommage quasi unanime de ses confrères, certains d'entre dénonçant tout de même l'attitude de l'ex-avocat de Klaus Barbie lors de son procès.

Me Vergès est décédé en début de soirée chez des amis dans un appartement au premier étage d'un immeuble construit au début du XVIIe siècle, à l'angle du quai Voltaire et de la rue de Beaune (VIIe) où l'écrivain mourut en 1778. Le décès du défenseur de militants du FLN pendant la guerre d'Algérie, a été constaté par les pompiers à 21h20, selon une source proche du dossier.

Selon les éditions Pierre-Guillaume de Roux, qui avaient publié les mémoires de l'avocat en février ("De mon propre aveu - Souvenir et rêveries"), Me Vergès est mort dans la chambre de Voltaire, située dans l'immeuble où il résidait épisodiquement chez des amis depuis une "mauvaise chute" à la fin de l'année 2012.

La date de ses obsèques n'était pas connue vendredi en fin de matinée.

Le président du Conseil national des barreaux, Christian Charrière-Bournazel, a salué un "très brillant avocat", "courageux" et "indépendant". "Un avocat, ce n'est pas un mercenaire, c'est un chevalier, et Jacques Vergès était un chevalier", a-t-il assuré.

L'avocat Jacques Vergès, au palais de justice de Bastia, le 20 novembre 2002 [Olivier Laban-Mattei / AFP/Archives]
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L'avocat Jacques Vergès, au palais de justice de Bastia, le 20 novembre 2002
 

Me Olivier Morice a décrit à l'AFP Jacques Vergès comme un "immense avocat qui n'a jamais manqué de courage et qui restera dans l'histoire".

Avocate de Carlos, Isabelle Coutant-Peyre avait débuté en 1981 à son côté. "Cela a été une chance incroyable", a-t-elle déclaré à l'AFP, "il avait une vision politique exemplaire du métier d'avocat et une expérience unique dans les grandes luttes du XXe siècle".

"des méthodes de défense controversées"

"Quand il défendait Klaus Barbie, j'étais du côté des parties civiles. J'étais du bon côté, il était du mauvais, mais c'est ce qui fait la démocratie", a réagi le député FN Gilbert Collard.

"Il n'y a pas beaucoup de géants au barreau, mais lui incontestablement en était un", avec "une période glorieuse quand il défendait le FLN algérien et une moins glorieuse quand il a commencé à défendre des mouvances terroristes comme la bande à Baader", a jugé l'avocat Georges Kiejman.

L'avocat Jacques Vergès lors du procès du khmer rouge Khieu Samphan, le 21 novembre 2011 à Phnom Penh [Mark Peters / ECCC/AFP/Archives]
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L'avocat Jacques Vergès lors du procès du khmer rouge Khieu Samphan, le 21 novembre 2011 à Phnom Penh
 

Ce concert de louanges a pourtant connu vendredi matin quelques bémols. Me Alain Jakubowicz, qui représentait le Consistoire israélite de France devant la cour d'assises de Lyon lors du procès Barbie en 1987, a affirmé à l'AFP que, pour lui, Jacques Vergès "n'a jamais été un modèle d'avocat", estimant qu'il avait "tenu des propos inqualifiables" lors de ce procès.

"Il est plus exact de qualifier Jacques Vergès de +personnage+ que d’avocat, compte tenu des méthodes de défense très controversées qu’il avait adopté depuis le procès Barbie", a expliqué à l'AFP Me Patrick Klugman, parlant d'un "immense acteur qui s’est servi de sa robe d’avocat pour illustrer les rôles qu’il s’était lui même distribués".

Me Alain Lévy, avocat de la Fédération nationale des déportés et internés s'est "étonné des louanges entendues ce matin".

"Il y a quelque chose que je n'entends pas: il s'est servi des procès comme une tribune politique pour défendre ses idées. Il s'est servi du procès Barbie pour faire le procès de la colonisation", a estimé Me Lévy.

Me Serge Klarsfeld avait mis en cause en termes virulents Jacques Vergès à l'occasion du procès de l'ancien chef de la Gestapo de Lyon, déclarant notamment: "Barbie est un tueur de Juifs, Vergès défend les tueurs de Juifs". Interrogé par l'AFP vendredi, il s'est contenté de dire : "J'ai dit suffisamment mon hostilité à Jacques Vergès de son vivant et je m'abstiendrai de parler au moment de sa mort".

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