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Braquage de Nice : un fait divers qui divise

Experts et policiers autour du corps de l'homme abattu par un bijoutier le 11 septembre 2013 à Nice Experts et policiers autour du corps de l'homme abattu par un bijoutier le 11 septembre 2013 à Nice [Jean-Christophe Magnenet / AFP / Archives]

L’affaire devient un débat national. Hier, un millier de personnes ont défilé dans les rues de Nice pour apporter leur soutien à Stefan Turk, le bijoutier de 67 ans mis en examen après avoir tué par balles mercredi dernier le jeune de 18 ans qui venait de braquer son magasin.

 

Manifestation de soutien au bijoutier de Nice

Déjà, depuis plusieurs jours, ceux qui comprennent le geste du bijoutier et ceux qui le condamnent se livraient bataille sur Internet. Quant à la sphère politique, elle n’est pas en reste ; face aux questions, la majorité des responsables n’a pu éviter d’aborder le sujet dernièrement. Bien malgré lui, le commerçant qui a abattu son agresseur déchaîne les passions.

 

Hollande obligé de réagir

A l’origine de la polémique, un braquage comme les bijoutiers en sont malheureusement régulièrement les victimes. Mais cette fois-ci, après avoir été agressé et alors que ses agresseurs prenaient la fuite, Stephan Turk a tiré sur l’un d’eux. 

Le commerçant nie avoir agi volontairement mais le procureur n’a pas retenu la légitime défense. Aussitôt, le député-maire de Nice, Christian Estrosi (UMP), est monté au créneau, accusant le gouvernement de faire «le choix des voyous plutôt que celui des victimes» avec sa politique pénale.

Dans la foulée, Jean-Marie Le Pen (FN), a même affirmé : «Je crois que si j’avais été le bijoutier, j’aurais fait comme lui.» Et ce n’était qu’un début, puisque le camp du bijoutier s’est alors largement mobilisé sur Internet, via le groupe Facebook «Soutien au bijoutier de Nice», un lieu devenu en quelques heures la tribune d’un sentiment de ras-le-bol général face à la délinquance.

Face à cette déferlante, les défenseurs de l’Etat de droit se sont aussi mobilisés. Des internautes ont ainsi tempéré la vague de soutien, ne voulant pas d’une France transformée en «far west».

Un des avocats de la famille du braqueur tué a lui aussi réagi hier : «La justice, c’est pas Facebook, c’est pas Twitter.» Quant au président François Hollande, il a donné de la voix dimanche soir. Avec un discours clair : «L'exaspération, la colère, je la vois, mais (…) c’est à la justice de faire justice et pas à quelque personne que ce soit d’autre.»  

 

Derrière l’émotion, l’accumulation

Si l’affaire a pris une telle ampleur, c’est qu’elle touche profondément les Français. «Une grande partie de l’opinion publique est sensible à la question de l’insécurité, et ce débat cristallise cette inquiétude», explique Yves-Marie Cann, directeur des études d’opinion chez CSA.

L’«émotion» suscitée par l’affaire du bijoutier s’ajoute ainsi à «l’accumulation des faits divers, à Marseille ou ailleurs». Un trop-plein de violence que l’on retrouve dans les sondages : la lutte contre la délinquance est la deuxième préoccupation des Français pour les prochaines élections municipales, juste derrière les impôts locaux, selon une étude CSA.

Au point qu’un parti politique puisse récupérer le sujet ? «La délinquance transcende les clivages politiques», tempère Yves-Marie Cann. Mais celui-ci de noter qu’il pourrait s’avérer «plus favorable pour certains, dont le Front national». 

 

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