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Ils trichaient au poker avec des lentilles infrarouges

Un croupier bat les cartes [Valery Hache / AFP/Archives] Un croupier bat les cartes [Valery Hache / AFP/Archives]

Un tricheur italien de "stud poker" d'un casino cannois portait des lentilles de contact infrarouges pour lire des cartes truquées: ce stratagème ultra-sophistiqué l'a conduit avec six autres personnes devant la justice qui a prononcé mercredi des peines sévères, allant jusqu'à 3 ans de prison.

Trois joueurs italiens, deux responsables de casinos de Nice et Cannes ayant plus de vingt ans de métier, et le jeune fils d'un croupier défunt jouant l'intermédiaire entre eux, s'étaient associés dans cette affaire, longuement décortiquée mercredi devant le tribunal correctionnel de Grasse.

Le président du tribunal Marc Joando s'est visiblement délecté toute la journée de cette rocambolesque méthode opératoire qui pourrait être "une première en Europe". Mais quatre prévenus arrivés libres - les trois Italiens et le jeune intermédiaire- sont repartis menottés et sous le choc mercredi soir.

C'est le cas de Stefano Ampollini, 56 ans, allure avenante de crooner italien, qui s'est lui-même présenté comme un "joueur et tricheur de renommée internationale", selon le président.

Dans le casino "Les Princes" (groupe Lucien Barrière) à Cannes, le 14 août 2011, Stefano Ampollini scrutait les cartes des autres joueurs de poker avec ses lentilles infrarouges achetées en Chine par internet pour 2.000 euros. En face de lui un complice se mettait périodiquement à renifler.

"Un mélange de techniques à l'ancienne et de haute technologie ?", a résumé le président. "C'était bon", a acquiescé avec un petit sourire Stefano Ampollini, qui avait même revendu des kits chinois à des amis italiens.

Avec son complice, non présent au procès, ils empocheront ainsi 70.000 euros. Mais lorsque le tricheur italien revient seul au même casino le 10 octobre 2011 et quitte sa table avec 21.000 euros, il est interpellé par la police.

Tout comme Stéphane Mahul, 45 ans, membre du comité de direction du casino de Cannes, qui avait introduit un jeu de carte truqué et plafonnait les gains pour rester discrets. "Il fallait pas que la table chauffe", a-t-il expliqué.

Le Français, endetté, avait été entraîné dans la combine par Olivier Gosse, 51 ans, membre du comité de direction du casino niçois "Le palais de la Méditerranée" (groupe Partouche), moins propice à cette arnaque.

Egalement à la barre, l'élégant Gianfranco Tirrito (55 ans), regard bleu acier et sourire parfois amusé avant l'énoncé de sa peine, ainsi que son solide ami Rocco Grassano, 57 ans, qui dit être venu sur la Côte d'Azur pour faire du tourisme et rencontrer de belles femmes.

Le procureur Jean-Louis Moreau décrit Tirrito comme "un professionnel de la triche" accroc au jeu, possiblement le chef de la bande. Le Turinois avait déjà été condamné en 2001 à Monaco pour une affaire de tricherie dans les jeux, avec son épouse et le même Grassano.

Le tribunal a condamné Tirrito à une peine de trois ans de prison ferme et 100.000 euros d'amende.

Le porteur de lentilles Ampollini a pris deux ans ferme et 100.000 euros d'amende. Leur compatriote Grassano a écopé de 30 mois de prison et 50.000 euros d'amende.

Jean Tedetti, le jeune intermédiaire français de 37 ans qui avait hérité du carnet d'amis italiens et français de son défunt père croupier, a été condamné à 3 ans de prison et 50.000 euros d'amende.

Quant aux deux cadres des casinos de Nice et Cannes, ils ont pu repartir libres, le tribunal n'ayant pas délivré de mandat de dépôt, malgré une condamnation à deux ans de prison dont un avec sursis et 40.000 euros d'amende.

Un autre responsable français de casino, à Annemasse, en contact avec le groupe de tricheurs, a été relaxé.

Les prévenus encouraient jusqu'à 10 ans de prison et 1 million d'amende chacun.

L'enquête a mis en évidence au moins une autre équipe de tricheurs liée au même réseau, mais elle n'a pu être appréhendée.

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