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Chevaline : toujours pas de tueur en vue

Une voiture de gendarmerie et un bouquet de fleurs près de la scène du crime à Chevaline le 8 septembre 2012 [Philippe Desmazes / AFP/Archives] Une voiture de gendarmerie et un bouquet de fleurs près de la scène du crime à Chevaline le 8 septembre 2012 [Philippe Desmazes / AFP/Archives]

Fausse piste? Aucun lien n'a pu être établi cette semaine entre un ancien policier municipal et le quadruple meurtre de Chevaline (Haute-Savoie), mais le profil de cet homme finalement soupçonné de trafic d'armes continue d'intéresser les enquêteurs.

C'est un appel de la mairie de Menthon-Saint-Bernard qui a mis les enquêteurs sur la piste de cet homme de 48 ans.

Policier municipal pendant plus de 20 ans dans ce village des bords du lac d'Annecy, il présentait une forte ressemblance avec le portrait-robot, diffusé début novembre, d'un motard aperçu par des témoins près des lieux du crime, portant le bouc et un casque assez rare.

Au fil des investigations, les gendarmes découvrent un "profil intéressant". Chasseur, il collectionne des armes de la Seconde guerre mondiale et connaît très bien Chevaline, où il a été propriétaire d'une parcelle de bois et où habite sa belle-famille.

Un portrait robot d'un motard aperçu près du lieu du crime de Chevaline, diffusé par la gendarmerie nationale le 4 novembre 2013 [ / Gendarmerie Nationale/AFP/Archives]
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Un portrait robot d'un motard aperçu près du lieu du crime de Chevaline, diffusé par la gendarmerie nationale le 4 novembre 2013
 

Titulaire d'un permis moto, il a un "tempérament un peu violent" et a déjà "menacé des touristes" par des "propos virulents, agressifs", selon le procureur d'Annecy Eric Maillaud, qui n'évoque pas de violences physiques.

Nostalgique du IIIe Reich, l'homme porte parfois une chevalière à croix gammée et ne cache pas qu'il n'aime pas les étrangers, qu'ils soient d'une autre nationalité ou tout simplement extérieurs à la région.

Fasciné par les pistolets Luger, l'arme du crime, il était gendarme réserviste jusqu'en 2012 et a été suspendu de ses fonctions de policier municipal en juin 2013 pour des factures d'essence jugées anormales.

Les gendarmes ont trouvé chez lui et chez ses beaux-parents une quarantaine d'armes, des grenades, un obus, ainsi qu'un très grand nombre de munitions, d'explosifs, de détonateurs chez un ami, également placé en garde à vue mardi.

Tous deux devraient être mis en examen pour trafic d'armes en bande organisée samedi matin, selon le parquet.

- Des soupçons cohérents, mais aucune charge -

Une personnalité troublante, mais aucun élément matériel qui ne permette de relier cet ex-policier à la tuerie du 5 septembre 2012. Ce jour-là, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d'origine irakienne, sa femme de 47 ans et sa belle-mère de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans la tête. Un cycliste français, Sylvain Mollier, 45 ans, avait aussi été abattu.

Les gendarmes ont mis la main sur un Luger, mais différent du modèle P06 de calibre 7,65 Parabellum utilisé par le meurtrier de Chevaline. Un modèle très spécifique de fabrication suisse qui n'intéresserait pas l'ex-policier, car "les Suisses n'ont pas d'histoire en matière de guerre", selon son avocat Me Marc Dufour.

Zaid al-Hilli, le frère de Saad al-Hilli, tué avec sa famille à Chevaline, ici à Guildford le 15 janvier 2014 [Carl Court / AFP/Archives]
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Zaid al-Hilli, le frère de Saad al-Hilli, tué avec sa famille à Chevaline, ici à Guildford le 15 janvier 2014
 

"A l'heure actuelle, on n'a pas trouvé l'arme, on n'a pas trouvé le casque, on n'a pas trouvé de moto ressemblant" à celle aperçue par des témoins, a souligné M. Maillaud.

Le jour du crime, le téléphone portable du suspect a bien déclenché un relais proche du lac d'Annecy, laissant penser qu'il avait le temps d'être sur la route forestière de la Combe d'Ire à l'heure du crime.

Mais "lorsqu'on passe au crible son emploi du temps, il ne pouvait pas s'y trouver" dans ce laps de temps, estime Me Dufour, même s'il reconnaît un "trou" dans l'emploi du temps de son client, entre un plein d'essence à Annecy-le-Vieux vers 14H00 et la fin de l'après-midi. Les crimes ont eu lieu peu avant 16H00.

Vu le profil de l'ex-policier, il était "cohérent" qu'il soit entendu par les gendarmes, "mais lorsqu'on regarde dans le détail, il n'y a aucune charge", résume l'avocat.

Deux ADN inconnus retrouvés sur les lieux du crime ne correspondent pas à son profil génétique. Les enquêteurs vont cependant continuer à creuser cette piste, notamment pour tenter de vérifier si l'arme du crime a pu transiter par le réseau de collectionneurs de l'ex-policier.

Avant lui, seul le frère de Saad al-Hilli, Zaïd, avait été arrêté puis relâché en Angleterre, soupçonné d'avoir voulu tuer son cadet sur fond d'héritage disputé. Conflit familial, espionnage industriel ou tueur isolé, toutes les pistes restent ouvertes.

Et "est-ce qu'il serait complètement aberrant que le tueur soit une personne locale commanditée par quelqu'un de l'étranger?", s'est interrogé M. Maillaud.

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