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Montigny-lès-Metz : l'affaire Leclaire commence

Henri Leclaire arrive au palais de justice de Metz avec son avocat Thomas Hellenbrand, le 1er avril 2014, avant son audition comme témoin dans l'affaire du double meurtre de Montigny-lès-Metz [Jean-Christophe Verhaegen / AFP] Henri Leclaire arrive au palais de justice de Metz avec son avocat Thomas Hellenbrand, le 1er avril 2014, avant son audition comme témoin dans l'affaire du double meurtre de Montigny-lès-Metz [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]

La vérité judiciaire sur l'affaire du double meurtre de Montigny-lès-Metz (Moselle) va devoir encore attendre deux à trois ans, après l'ouverture d'une information judiciaire contre Henri Leclaire mercredi et le spectaculaire renvoi sine die, mardi à Metz, du procès de Francis Heaulme.

 

Pourquoi un report du procès Heaulme ? 

L'avocat général Jean-Marie Beney a estimé que le dossier n'était "plus en état d'être jugé" après la mise en cause mardi à la barre, par de nouveaux témoins surprise, de Henri Leclaire, un ancien manutentionnaire de 65 ans. Premier suspect à avoir été placé en garde à vue dans l'enquête sur l'assassinat d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, le 28 septembre 1986, il avait avoué le meurtre avant de se rétracter. Placé sous le statut de témoin assisté – les indices contre lui étaient alors "simples", mais insuffisants pour envisager une mise en examen – il avait fini par bénéficier d'un non lieu en 2013. Désormais, il existe contre lui "des indices graves et concordants", selon M. Beney.

 

La présence d'Henri Leclaire aux abords du lieu du crime  

Il avait l'habitude, tous les samedis et tous les dimanches, de "faire des rondes" autour de l'usine où il travaillait, située en contrebas du talus ferroviaire où les deux enfants ont été massacrés à coups de pierres. Mardi à la barre, il a affirmé, sans convaincre, qu'il avait dérogé à ses habitudes le jour du crime.

Mais plusieurs témoins l'ont vu. Ginette Beckrich, la grand-mère d'une des victimes, dit l'avoir aperçu sur sa mobylette. Francis Heaulme a réitéré une nouvelle fois mardi l'avoir vu descendre du talus à l'heure du crime, les vêtements ensanglantés. Un témoin surprise, l'ex-cheminot Jean Woffler, a dit l'avoir distingué le long des voies ferrées vers 17H50.

 

Les "confessions" d'Henri Leclaire

La déposition de Marie-Christine Blindauer, mardi à la barre, constitue désormais la charge principale contre Henri Leclaire. Cette femme d'avocat, cliente d'une supérette de Metz, a expliqué qu'il s'était confié à elle en lui livrant ses courses, un soir de 2012.

Tout en lui répétant n'avoir "pas tué les enfants", il a raconté les avoir violentés, agrippés et secoués. Et le sexagénaire de joindre le geste à la parole : en mimant la scène devant sa cliente médusée, il semblait comme "en transe", a-t-elle dit.

Ce récit est similaire en tous points à celui qu'il avait livré 28 ans plus tôt, en garde à vue. A une exception près : devant les policiers, il avait fini par avouer le double crime, alors qu'il s'en est toujours défendu devant Mme Blindauer.

 

Croquis d'audience de Francis Heaulme à l'ouverture de son procès le 31 mars 2014 à Metz [Benoit Peyrucq / AFP]
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Croquis d'audience de Francis Heaulme à l'ouverture de son procès le 31 mars 2014 à Metz
 
 
Ces indices innocentent-ils Francis Heaulme ?

C'est l'axe que vont probablement choisir ses défenseurs. Francis Heaulme a réitéré mardi qu'il n'était pas le meurtrier et qu'Henri Leclaire, croisé vers 17H40 en bas du talus, lui aurait confié avoir "fait une connerie". Ce faisant, le tueur en série a officiellement admis à la barre sa présence sur les lieux du crime à l'heure dite. Qui plus est, les enquêteurs ont cru repérer sur la scène du crime sa "quasi-signature criminelle". Et des pêcheurs ont raconté l'avoir croisé peu après, à quelques kilomètres de là, couvert de sang.

 

Les prochaines étapes

Le procureur de la République à Metz Pierre-Yves Couilleau, a requis mercredi l'ouverture d'une information judiciaire, pour meurtres aggravés, et désigné deux magistrats instructeurs qui seront chargés de mettre en examen Henri Leclaire.

M. Couilleau a également demandé mercredi qu'il soit placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de rencontrer trois témoins l'incriminant dans cette affaire, ainsi que les membres des familles des victimes.

"Henri Leclaire n'a rien à craindre de l'oeuvre de justice; il s'est toujours présenté lorsqu'il était convoqué; si un juge d'instruction nous convoque, nous nous rendrons à sa convocation", a déclaré mardi son avocat, Me Thomas Hellenbrand.

 

A quand un nouveau procès ?

Si les magistrats estiment qu'il existe des charges suffisantes contre Henri Leclaire, ils ordonneront sa mise en accusation et son renvoi devant une Cour d'assises.

Après épuisement de toutes les voies de recours, le dossier Leclaire sera joint à l'affaire Heaulme, et les deux hommes pourraient alors comparaître côte à côte devant une juridiction criminelle, au mieux à l'horizon 2016.

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