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Education : les notes dans le viseur

Une classe de primaire[AFP/Archives]

Jugé «décourageant» pour les élèves, le système d’évaluation des classes primaires et secondaires est au cœur d’un projet de réforme.

 

Nouveau chantier pour l’Education nationale. Après les ryth­mes scolaires de Vincent Peillon, son successeur, Benoît Hamon, a donné le coup d’envoi, hier, du projet de réforme du système de notation des élèves.

Echaudé par la bataille qui fait toujours rage autour de la semaine de quatre jours et demi, le ministre a, lui, décidé de miser sur le dialogue et le consensus avec sa «conférence nationale sur l’évaluation».

Un jury, composé de scientifiques, de professionnels de l’éducation et de membres de la société civile, sera chargé de lui remettre des recommandations en décembre, après plusieurs semaines de concertations et de débats.

 

Une notation «bienveillante»

L’objectif, pour la conférence, est de trouver une alternative au système d’évaluation existant à l’école, au collège et au lycée. Selon Benoît Hamon, ce dernier «retient beaucoup les lacunes des élèves, les décourage parfois et peut même les paralyser».

Et le ministre de citer ces jeunes qui, malgré des progrès, alignent les 0 pointés en dictée. Ou l’étude PISA 2012, selon laquelle les petits Français étaient ceux qui s’abstenaient le plus souvent de répondre, «par peur de faire une faute».

La notation «bienveillante» que Benoît Hamon appelle de ses vœux permettrait donc, selon lui, de mieux prendre en compte les progrès et les acquis de tous les élèves. Car il s’agit non seulement de ne plus léser «ceux qui ne maîtrisent pas les codes de la réussite et le capital culturel», mais aussi «de mieux évaluer nos élites», martèle le ministre.

 

La suppression des notes en débat

Sujet maintes fois remis sur la table, la réforme de l’évaluation ne manque pas de déclencher les passions. En 2010, déjà, un appel lancé par l’Association de la fondation étudiante pour la ville, signé notamment par l’écrivain Daniel Pennac ou le pédopsychiatre Marcel Rufo, réclamait la suppression des notes du CP au CM2.

Le ministre de l’Education nationale de l’époque, Luc Chatel, s’y était vivement opposé. Aujourd’hui, Benoît Hamon se défend de vouloir remettre en cause les notes. «Bienveillance ne veut pas dire laxisme», répond-il à ses détracteurs, dont Eric Ciotti. «Il y a des mauvaises notes donc on va supprimer les notes», a raillé le député UMP, hier, sur Twitter.

 

 

Du côté des parents d’élèves, les avis sont plus mesurés. «Réformer le système d’évaluation est primordial, estime Valérie Marty, présidente de la PEEP. Il faut rendre l’école plus motivante.»

Selon elle, le système actuel, qui «ne fait que trier les élèves», n’est «pas compréhensible car il varie selon les correcteurs». La question n’est donc pas de savoir s’il faut ou non supprimer les notes, mais comment améliorer leur lisibilité.

Pour le Syndicat national des enseignements du second degré, une concertation peut être utile, «mais il faut se garder des idées toutes faites sur le système d’évaluation», avertit Frédérique Rolet. La secrétaire générale du SNES souligne en effet les évolutions que le système a déjà connues, comme pour les matières scien­tifiques, dans lesquelles, au-delà du résultat, «la démar­che et le raisonnement de l’élève sont déjà pris en compte».

 

 
 

 

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