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"Nous, musulmans de France, disons halte à la barbarie"

Dalil Boubakeur, à la Grande mosquée de Paris, lors de l'hommage à l'otage assassiné Hervé Gourdel, le 26 septembre 2014.[DOMINIQUE FAGET / AFP]

"Nous, musulmans de France, disons halte à la barbarie", a lancé vendredi le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, face à des centaines de personnes rassemblées devant la Grande mosquée de Paris en hommage à l'otage assassiné Hervé Gourdel.

 

"Ce rassemblement, c'est l'expression forte et vivante de notre volonté d'unité nationale et de notre volonté inébranlable de vivre ensemble", a-t-il ajouté, en martelant que l'"islam est une religion de paix" qui "ordonne le respect de la vie".

Citant un verset du Coran, le recteur de la Grande mosquée a dit que tuer un homme revenait à "tuer toute l'humanité", mais que "sauver un homme, c'est sauver l'humanité".

Hervé Gourdelun guide de haute montagne de 55 ans, a été enlevé dimanche en Algérie par le groupe Jund al-Khilafa, lié à l'organisation Etat islamique (EI) qui réclamait l'arrêt des frappes françaises en Irak. Dans une vidéo, mise en ligne mercredi, ses ravisseurs ont montré sa décapitation.

"Nous ne céderons pas à la peur car nous sommes debout ici ensemble", a commenté la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS). "La communauté nationale ne se laissera pas diviser", a renchéri la présidente du groupe UMP au Conseil de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet. 

Tous s'adressaient à une foule plutôt masculine, de tous les âges et apparences, qui a respecté une minute de silence en hommage à Hervé Gourdel.

"Je suis là pour vous dire de redresser la tête, soyez fiers de ce que vous faites", leur a aussi lancé Mgr Jean-Michel Dubost, chargé du dialogue interreligieux à la Conférence des évêques de France (CEF).

Le rassemblement, lancé jeudi par Dalil Boubakeur, avait suscité le scepticisme du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), pour qui "les musulmans ne doivent pas jouer le jeu islamophobe, qui consiste à les placer en coupable et suspect idéal, les poussant sans arrêt à se justifier pour les agissements de tiers".

"Nous sommes là en solidarité avec Hervé Gourdel, pas pour nous justifier", a rétorqué Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie, lié au CFCM.

 

"Dignité et retenue"

Au lendemain d'un premier hommage à Saint-Martin-Vésubie, dans l'arrière-pays niçois, où 800 personnes ont défilé dans le silence jusqu'au bureau des guides fondé par Hervé Gourdel, environ 150 personnes se sont réunies dans le silence à Nancy en milieu de journée. Plusieurs autres villes (Villeurbanne, Rezé, Vannes...) devaient accueillir dans la journée des rassemblements sur le parvis de leur mairie, en présence d'élus.

Un appel à se réunir à Paris et dans d'autres villes (Nantes, Lyon, Montpellier, Aix-en-Provence...) a également été relayé sur les réseaux sociaux, sans qu'il soit possible d'identifier les organisateurs.

La famille d'Hervé Gourdel a souhaité que les rassemblements se déroulent "dans la dignité et la retenue". "Nous ne tolérerons pas les paroles haineuses, provocatrices et politiques, qu'elles viennent de n'importe quel bord. Nous ne souhaitons pas de prise de parole d'élus", a-t-elle dit.

 

Quatre Algériens détenus

L'exécution de l'otage a renforcé le soutien des Français à ces raids contre l'EI, avec 69% de personnes favorables selon un sondage Ifop publié vendredi, contre 53% une semaine auparavant.

Sur le terrain, une mission de reconnaissance a été menée au-dessus de l'Irak, mais aucune nouvelle frappe, selon l'armée. La veille, la France avait mené des raids pour la seconde fois depuis que Paris a rejoint le 18 septembre la campagne aérienne américaine dans le pays.

Face aux menaces, François Hollande a présidé jeudi un conseil de défense, qui a notamment décidé de renforcer les "mesures de prévention contre les risques terroristes" dans les lieux publics et les transports.

Par ailleurs, quatre Algériens qui accompagnaient Hervé Gourdel lors de sa capture ont été mis en garde à vue par les autorités de leur pays qui s'interrogent sur le rôle qu'elles pourraient avoir joué dans l'enlèvement.

Les drapeaux resteront en berne jusqu'à dimanche à la demande de l'Elysée, et les hommages se poursuivront tout le week-end.

 

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