L’hôtel de la Marine, à Paris, a vécu lundi soir sa dernière cérémonie des couleurs, une commémoration militaire pendant laquelle le drapeau national est hissé devant les marins.
Un moment fort et émouvant qui marque la fin de la vocation stratégique du prestigieux établissement de la place de la Concorde, d’où l’état-major de la Marine nationale a conduit ses opérations pendant 226 ans. La force navale a en effet déménagé l’été dernier vers le site de Balard (15e), où sont réunis tous les états-majors de l’armée française.
Un lieu chargé d’histoire
Jusqu’à présent, ce bâtiment mythique de plus de 20 000 mètres carrés abritait notamment les centres de commandement de l’ensemble des navires français, du porte-avions – le Charles-de-Gaulle – aux sous-marins de la dissuasion nucléaire. Mais avant d’être un haut lieu de commandement, l’hôtel de la Marine a aussi été le témoin de grands événements historiques.
© A. Karaghezian/ECPAD
Il a par exemple abrité, avec l’hôtel du Crillon, voisin et quasi jumeau, la signature en 1778 des premiers accords militaires et commerciaux entre le royaume de France et les Etats-Unis, dont les treize colonies venaient tout juste de déclarer leur indépendance vis-à-vis de la couronne britannique. Le bâtiment a aussi vu la ratification du décret de l’abolition de l’esclavage en 1848, porté par Victor Schœlcher, alors sous-secrétaire d’Etat de la Marine et des Colonies.
C’est donc tout naturellement que la gestion de l’établissement a été confiée l’an dernier au Centre des monuments nationaux. L’hôtel de la Marine devrait donc être à l’avenir plus accessible au public qu’il ne l’a été en tant que site militaire.