Le trésor était caché à la vue de tous. Des peintures du XIIIe siècle ont été découvertes sur une voûte de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers grâce à des travaux de rénovation.
L'histoire de cette découverte exceptionnelle commence en 2012. Des infiltrations d'eau sur une voûte de l'édifice construit en 1160 nécessitent des travaux de maçonnerie. Des sondages sous l'enduit, apposé au XVIIIe siècle, sont effectués et laissent entrevoir de magnifiques décors anciens. C'est la surprise générale, même si le doute était permis.
"On savait par un certain nombre de sources écrites qu'il y avait des décors peints sur cette partie de l'édifice. On avait la prémonition qu'il se passait quelque chose sous les enduits", raconte Anne Embs, conservateur des monuments historiques aux affaires culturelles de la région Poitou-Charentes.
Un travail de titan tout en patience
Sur les 900 mètres carré de murs du transept sud, où ont été localisées les peintures, au moins 750 peuvent espérer retrouver leur éclat d'antan, selon les équipes de restauration - l'atelier de Brice Moulinier et l'Arcoa - coordonnées par l'architecte en chef des monuments historiques.
C'est un travail de titan qui est entrepris par les restaurateurs. De titan mais aussi d'une délicatesse extrême, car les peintres du XVIIIe siècle avaient "brossé" les peintures originelles afin que leur enduit adhère mieux au support. C'est donc avec patience et dextérité que doivent être dégagées les fresques : "un mètre carré par semaine et par personne, tout ça avec des petits scalpels et avec le souci de consolider les peintures", précise Brice Moulinier.
Cathédrale de #Poitiers : un trésor gothique du XIIIe siècle émerge des enduits https://t.co/o8ERs3OXNk pic.twitter.com/qaosok0TdN
— Culturebox (@Culturebox) 17 Décembre 2015
Joyau de cette découverte : les quatre voûtes où apparaissent des thèmes de l'Ancien et du Nouveau testament, une représentation du "Christ aux Juges" côtoyant un "Couronnement de la Vierge". Autour de tous les personnages est représentée une pluie d'étoiles, soulignées à l'époque par de la feuille d'argent. Le commanditaire et les auteurs de ces fresques inédites restent malheureusement inconnus.
Les travaux doivent durer jusqu'au printemps 2016, pour une réouverture au public fin mai. Le chantier, qui comprend également la restauration des vitraux d'époque, devrait coûter entre 700 000 et 800 000 euros, entièrement financé par l'Etat, propriétaire de la cathédrale. Si tant est que l'on ne découvre par d'autres merveilles cachées sur les voûtes.