L'immortalité pour Finkielkraut. Le philosophe et essayiste a été accueilli cet après-midi par ses paires sous la coupole du quai de Conty pour son intronisation au fauteuil 21 qu'occupait l'auteur Félicien Marceau.
«Un nom à coucher dehors est reçu aujourd’hui sous la Coupole.» C’est par ce trait d’humour qu’Alain Finkielkraut a entamé son discours de réception à l’Académie française hier après-midi. Il prend la place de l’auteur d’origine belge, Félicien Marceau, décédé en 2012, au fauteuil 21 de l’institution. Comme il est d’usage, le philosophe de 66 ans a fait l’éloge de son prédécesseur. Une situation étonnante pour ce fils d’immigrés juifs polonais, envers un écrivain souvent dépeint comme antisémite et collaborateur. Il a dans la foulée rendu un vibrant hommage à sa famille, victime de la Shoah : "En ce jour, c’est aux miens que je pense."
Pierre Nora, qui avait la charge de le recevoir, l’a taquiné en annonçant que pendant une heure il allait "devoir [l]’écouter sans [l]’interrompre !". Personnalité clivante ou «néoréac» pour les uns - on lui reproche ses critiques du multiculturalisme et son rejet des mouvements soixante-huitards -, intellectuel incontournable pour les autres, il avait été élu en 2014 au premier tour par seize voix sur vingt-huit. Mais son nom avait été barré, en signe de désaccord, sur huit bulletins. Il reste pourtant un fervent défenseur de "l’identité française". Il a ainsi fait graver sur son épée une phrase de Charles Péguy : "La République une et indivisible, notre royaume de France." Son intronisation porte aujourd’hui à trente-huit le nombre d’immortels.