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Crise agricole : le malaise des campagnes

Les agriculteurs ont continué leur mouvement de protestation, lundi. [© THIERRY ZOCCOLAN / AFP]

Etat d'urgence dans les champs. Le président veut mieux aider une profession à bout de souffle, dont la situation économique crée de multiples tensions depuis des mois.

Ayant entendu la colère des agriculteurs, François Hollande reçoit mardi à l’Elysée Xavier Beulin, le président de la FNSEA, principal syndicat agricole du pays. Une rencontre qui intervient alors que les manifestations se sont multipliées ces dernières semaines dans le pays. Lundi encore, des barrages routiers avaient été installés dans la Meuse. Par ce cri d’alarme, les agriculteurs veulent mobiliser les pouvoirs publics sur la crise qui touche les campagnes depuis plusieurs années.

Une profession dans le rouge

En première ligne des contestataires, les éleveurs, qui dénoncent une situation insoutenable. Selon eux, les industriels exercent une pression trop forte en ­tirant les prix vers le bas. Un accord avait été trouvé l’été dernier, dans ­lequel les distributeurs s’étaient engagés à acheter à 1,40 euro le kilo de porc et à revaloriser de 60 centimes celui de la viande bovine.

Un niveau qui n’est pas atteint aujourd’hui, les industriels avançant devoir rester compétitifs face à la concurrence étrangère. Les producteurs laitiers ne sont pas épargnés non plus. Car pour bénéficier des aides européennes, ils sont incités à fournir de grosses quantités, ce qui entraîne une surproduction et une baisse des prix. Autre problème mis en avant par la profession : les contraintes administratives. Les agriculteurs se disent étranglés par les normes trop complexes à respecter sur leurs exploitations.

Enfin, ils critiquent l’embargo russe, qui les prive d’un important marché pour écouler leurs produits. Fragilisés, les agriculteurs doivent aussi faire face aux aléas climatiques et aux épidémies comme la grippe aviaire, qui touche, depuis décembre, les producteurs de foie gras dans le Sud-Ouest. Conséquence : leur niveau de vie est souvent dramatique. Selon les chiffres de la ­Mutualité sociale agricole, au moins une exploitation sur dix a obtenu un ­revenu ­inférieur à 4 000 euros en 2015.

Le gouvernement cherche une issue

Face à cette détresse, le gouvernement ne reste pas inactif. En juillet dernier, il avait ainsi annoncé un plan d’urgence comprenant une restructuration de la dette bancaire des éleveurs. Ce programme, de 700 millions d’euros, a été augmenté la semaine dernière de 290 millions d’euros, dont 125 pour les maraîchers, éleveurs porcins et laitiers en difficulté.

Les agriculteurs ont toutefois poursuivi leur mobilisation, jugeant ces aides insuffisantes, compte tenu de leur situation. De son côté, afin de relancer le secteur, Stéphane Le Foll s’est prononcé en faveur de la levée des sanctions contre Moscou, même si son influence sur ce dossier ­diplomatique risque d’être limitée. «Ce n’est ni le ministre de l’Agriculture ni même la France qui négocie avec la Russie», a-t-il ainsi averti.

Repères

490 000 exploitations agricoles sont recensées en France. Un nombre en forte baisse, puisqu’il s’élevait à 617 000 il y a dix ans. Soit une chute de plus de 25 %.

27 % des chefs d’exploitations et des coexploitants sont des femmes. Elles n’étaient que 8 % en 1970.

54 heures par semaine sont consacrées au travail, selon les agriculteurs. Ils sont les professionnels les plus nombreux à déclarer travailler après 20h.

1 agriculteur se suicide tous les deux jours. Il s’agit de la catégorie sociale la plus touchée par ce phénomène, soit 20 % de plus que le reste de la population.

47,5 est l’âge moyen des chefs d’exploitation. Les hommes sont généralement plus jeunes (46 ans et demi) que les femmes (51 ans).

24 400 euros en moyenne ont été perçus avant impôts en 2014, pour les agriculteurs des grandes et moyennes exploitations.

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