En direct
A suivre

Les visages de la terreur, les voix de la liberté, par Philippe Labro

Magnanville n'efface pas Orlando. [DOMINIQUE FAGET / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

DU LUNDI 13 JUIN AU MERCREDI 15 JUIN

Violence. Violence. Violence. Un couple de policiers français sauvagement assassiné par ce que l’on a tort, peut-être, d’appeler «un loup solitaire». Près d’une cinquantaine d’hommes et de femmes abattus dans une boîte de nuit d’Orlando, en Floride, par ce que l’on a tort, peut-être, d’appeler «un loup solitaire». Larossi Abballa et Omar Mateen se rejoignent sur plusieurs points. Mais avant d’en parler, il convient, d’abord, de saluer et partager le mélange d’émotion, d’indignation, de colère et de stupéfaction qui a saisi les Françaises et les Français devant l’horreur qui s’est déroulée allée des Perdrix, à Magnanville, une agglomération des Yvelines d’environ 6 000 habitants, petite et calme jusqu’ici.

A lire aussi : Un géant dans l'Histoire, les petits dans l'actu, par Philippe Labro

Penser à ce couple, Jessica et Jean-Baptiste, dont le métier de policier – qu’ils exerçaient, semble-t-il, avec conscience et efficacité – les avait condamnés, sans qu’ils le sachent, à tomber sous les coups de couteau d’Abballa, un monstre, un fanatique, un pervers absolu qui prendra photos et vidéos de ses victimes. Nous pensons à cet enfant de 3 ans qui a tout vu. L’énormité de son traumatisme pourra-t-elle s’effacer avec le temps ? Seuls peuvent répondre des psychologues. Seul, aussi, peut répondre l’amour qu’il faudra lui prodiguer. Mais aucun amour ne remplace la tendresse d’une maman, la complicité d’un papa.

J’entends souvent, à la télé comme à la radio, l’expression «beaucoup d’émotion» quand tout événement tragique intervient. Les clichés deviennent vite des vérités cruelles : oui, il y a «beaucoup d’émotion» autour de Magnanville, beaucoup, et cela ne se compte pas en chiffres et ne se mesure pas en sondages ; c’est là, dans nos vies quotidiennes, nos consciences.

Magnanville n’efface pas Orlando. Un homme de 29 ans y a massacré quarante-neuf personnes dans un night-club gay, le Pulse. On avait une funeste sensation de revivre la nuit du 13 novembre à Paris, au Bataclan et ailleurs. La même impuissance face aux armes, la même incrédulité puis la même panique, les mêmes scènes insupportables. Ça s’est donc passé aux Etats-Unis.

Or, tout ce qui se passe là-bas, à cause de l’impact médiatique, à cause d’une campagne présidentielle qui se déroule dans la surprise et la vindicte, à cause d’un président sortant, Barack Obama, qui a toujours évité de prononcer les mots «islam radical», à cause de la démesure d’un Trump qui va, désormais, se faire passer pour celui qui mettra un terme aux attentats terroristes commis par ces «loups», à cause du traumatisme initial du 11 septembre 2001 – dont aucun Américain n’a effacé le choc de sa vie et sa mémoire –, tout cela a pris une dimension énorme.

C’est aussi parce que l’on est obligé de mettre en parallèle les personnalités des deux tueurs, Omar Mateen en Floride, Larossi Abballa dans les Yvelines. Même fanatisme aveugle, même haine de l’Occident, même passage à l’acte après en avoir donné des signes, même affiliation de dernière minute à la cause de Daesh, même revendication du groupe islamiste qui, peut-être, n’avait pas organisé ces massacres, même apparente action isolée, apparente seulement, car les enquêtes, ici comme en Amérique, vont permettre d’en savoir plus.

VENDREDI 17 JUIN

Demain, 18 juin, une date de l’Histoire. Un homme en uniforme, un certain Charles de Gaulle, assis derrière un gros micro dans un studio de la BBC, à Londres, en 1940. Il dit «non» quand beaucoup ont dit «oui». Il symbolise la résistance au totalitarisme. Il incarne l’espoir, la liberté, cette liberté dont les terroristes veulent nous priver.

Philippe Labro

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités