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Forte mobilisation des infirmiers et aide-soignants

3.500 manifestants ont défilé à Paris. [FREDERICK FLORIN / AFP]

Plusieurs milliers d'infirmiers et d'aides-soignants ont défilé mardi partout en France à l'appel d'un mouvement unitaire, inédit depuis 1988, afin de dénoncer les cadences infernales, le manque de temps passé auprès de malades et demander une meilleure reconnaissance de leur travail.

Les fédérations FO, CGT, SUD et CFTC de la fonction publique hospitalière, mais aussi, une vingtaine d'organisations infirmières salariées, libérales ou étudiantes, avaient choisi la même date pour tirer la sonnette d'alarme. Une première depuis vingt-huit ans. Le taux de mobilisation de l'ensemble des personnels hospitaliers appelés à la grève a été de 9,6% sur la journée (y compris les personnels assignés) et de 14,6% chez les infirmiers, selon le ministère des Affaires sociales.

Vers une grève générale ? 

A Paris, le cortège scindé entre intersyndicale et organisations professionnelles a réuni 3.500 manifestants, selon la préfecture de police. L'intersyndicale, reçue par la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), ne s'est vu proposer "qu'un groupe de travail sur la qualité de vie au travail", a regretté Denis Basset (FO). Elle se réunira mercredi pour envisager de nouvelles mobilisations, comme une "grève générale et une manifestation nationale à Paris", selon lui.

"Infirmiers méprisés, patients en danger", ont scandé les manifestants vêtus de blouses blanches ou bleues, masques sur le visage et calot sur la tête. "Les sous-effectifs, c'est pas automatique", pouvait-on lire sur une pancarte, tandis qu'une longue banderole en tête de cortège titrait: "#Soigne et tais-toi".

A Lyon, 1.300 à 2.000 soignants ont battu le pavé, selon les sources, 1.100 à Nantes (selon la police), entre 500 et 650 à Strasbourg, comme à Tours (600) et Orléans (500 selon les organisateurs). Ils étaient environ 250 à Rennes au slogan de "Ni amendable, ni négociable, retrait de la loi Touraine". Quelques centaines également à Marseille, Caen, Montpellier, Tarbes, Lille, Besançon et Bourges, Nice et Nancy,

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"Les conditions de travail se dégradent, la charge s'alourdit, nous n'avons pas de reconnaissance salariale et de plus en plus de tâches nous sont déléguées", résumait Coline Mayjonad, 23 ans, infirmière à Paris. Les réformes des quinze dernières années, comme l'instauration de la tarification à l'activité pour financer les hôpitaux "à l'acte", ont déstabilisé les personnels, principale variable d'ajustement en période de restrictions budgétaires

"On n'est pas dans une entreprise qui fabrique des boulons, on est sur de l'humain", déplorait Chantal Berthélémy, infirmière à l'hôpital d'Epernay (Marne). "Quand les infirmiers qui soignent les gens commencent à se suicider, il faut vraiment se poser des questions", disait Lila, infirmière anesthésiste de 52 ans, en référence aux suicides de plusieurs soignants, dont au moins cinq infirmiers cet été.

Un plan présenté prochainement

A l'Assemblée nationale, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a redit qu'elle présenterait prochainement un plan pour améliorer les conditions de travail et insisté sur les "revalorisations salariales allant jusqu'à 3.900 euros par an" pour les infirmières ces cinq dernières années. Le Premier ministre, Manuel Valls, a rappelé que 31.000 postes dans la fonction publique hospitalière avaient été créés depuis 2012.

Face aux demandes de créations de postes par l'opposition dans la police, l'hôpital ou l'éducation, il a interpellé les candidats à la primaire de la droite: "Comment on fait avec 300.000, 500.000, 700.000 fonctionnaires de moins?", a-t-il dit en référence à leurs programmes.

Dans la matinée, Alain Juppé avait apporté son soutien aux grévistes, jugeant dans un tweet que "l'État doit agir pour améliorer les conditions de travail".

L'intersyndicale réclame l'"abandon" du plan d'économies de "3,5 milliards d'euros" sur trois ans d'ici à 2017, des groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui font craindre des restructurations ou encore "l'arrêt des fermetures de lits". "La santé, ce n'est pas un coût, ce n'est pas une dépense. La santé, c'est un investissement", a déclaré depuis Bordeaux le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. De leur côté, les organisations infirmières insistent sur la valorisation des salaires pour les 600.000 professionnels et leur prise en compte dans les discussions sur le système de santé.

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