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Une délégation de ministres attendue en Guyane

[jody amiet / AFP]

Alors que la Guyane, touchée par un vaste conflit social, vit au ralenti, Bernard Cazeneuve a déclaré lundi vouloir signer «un pacte d'avenir dans les meilleurs délais» et annoncé l'arrivée d'ici a fin de la semaine d'une délégation de ministre pour apaiser la situation.

«Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine» pour conclure les discussions engagées par la mission de hauts fonctionnaires dépêchée samedi, a déclaré le Premier ministre à Matignon, au côté de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts. «Si toutefois les conditions du respect (... )et de l'ordre républicain sont réunies», a-t-il précisé en annonçant notamment qu'un «centre pénitentiaire et un tribunal de grande instance» seraient «construits à Saint-Laurent du Maroni».

Les 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) qui ont voté la «grève générale illimitée» et prévoient une «journée morte» mardi selon France-Guyane, exigent notamment «un plan d'urgence de l'éducation en Guyane». Un collectif syndicat-élèves-étudiants-parents organisait plus de six points de rassemblement à travers tout le territoire, une situation inédite. Il n'y avait cependant pas beaucoup de monde lundi matin sur les barrages de Cayenne et Rémire-Montjoly ni devant le rectorat à Cayenne.

«Pour l'instant les réponses de la délégation sont plus sur la santé, la sécurité. Nous on veut un plan de développement et pas des mesurettes», a déclaré lundi un porte-parole des socio-professionnels. «On a l'impression que le gouvernement ne perçoit pas le ras le bol de la population», a affirmé le sénateur PS de Guyane, Antoine Karam, sur BFMTV. «Aujourd'hui il y a encore 30% de la population qui n'a pas accès à l'eau potable ou à l'électricité», a-t-il souligné. «Nous ne sommes pas traités au même titre que les Français de l'Hexagone». Dès dimanche, des barrages de poids-lourds arboraient des slogans explicites : «Hollande, il est où ton pacte d'avenir? Pas de routes, pas de développement».

Air France a annulé ses vols vers Cayenne dimanche et lundi et Air Caraïbes pour lundi. Une quinzaine de barrages routiers ralentissent la vie économique depuis jeudi, dans ce territoire ultramarin d'Amérique du sud qui compte plus de 250.000 habitants. Une levée transitoire des barrages a toutefois été décidée dimanche pour permettre aux Guyanais de se ravitailler. Les commerces ont partiellement ouvert

En parallèle, le premier satellite tout électrique européen est bloqué depuis plusieurs jours dans un container de l'aéroport de Guyane à Matoury en raison de cette paralysie du territoire, a-t-on appris dimanche auprès du CNES (Centre national d'études spatiales).  «Laisser ce satellite dans un container dans son Antonov n'est pas l'idéal. Mais il y a la climatisation dans l'Antonov et il n'y a aucun risque de dégradation du satellite», a assuré le directeur général délégué du CNES M. Barre avant d'indiquer que «le satellite (était) sécurisé».

Ségolène Royal demande à ce que le gouvernement agisse vite

Soutenus par la classe politique locale, des groupes très disparates nés en quelques jours conjuguent désormais leurs forces sous la bannière du «collectif pou la Gwiyann Dekolé» («pour que la Guyane décolle», en créole guyanais). Le collectif est composé de citoyens contre l'insécurité et pour la santé, et de représentants de près d'une vingtaine de professions, ils demandent «un plan Marshall».

Les Guyanais exigent d'être «enfin entendus» pour améliorer la prise en charge sanitaire, favoriser le tissu économique, la desserte en courant électrique, pour faire baisser le chômage et la déscolarisation qui touche les jeunes. «Le gouvernement doit répondre rapidement à ces attentes», a déclaré la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, récemment allée sur place et se disant «impressionnée par la justesse de ces attentes». Les financements publics extérieurs, l'État et les institutions publiques représentent près de 90% du PIB de la Guyane. 

Pour commencer à répondre aux demandes, Jean-François Cordet, un ancien préfet de Guyane qui pilote la délégation, a annoncé la mise en place d'un scanner à l'aéroport pour lutter contre le trafic de drogues, ainsi que l'accélération du versement des aides européennes. Une enveloppe de «60 millions d'euros supplémentaires» pour le centre hospitalier de Cayenne, fortement endetté, ainsi que des effectifs supplémentaires de forces de l'ordre ont été promis.

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