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Outre-mer : un sentiment d’abandon

En Guyane, les motifs de mécontentement sont nombreux et partagés par l’ensemble des populations d’outre-mer. [JODY AMIET / AFP]

Le mouvement de colère qui touche Cayenne, imposé désormais au cœur de la présidentielle, reflète les grandes difficultés des DOM-TOM.

Des outre-mer désespérés. Alors que la Guyane vivait mardi «une journée morte», au lendemain du lancement d’une grève générale illimitée, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Cayenne pour crier leur colère. Sécurité, chômage, pauvreté, éducation…

Les motifs de mécontentement sont nombreux et partagés par l’ensemble des populations d’outre-mer. Des territoires qui se sentent délaissés par la métropole et qui, plus que jamais, comptent se faire entendre des candidats à la présidentielle. 

Des problèmes multiples

La crise actuelle en Guyane n’est en effet pas un cas isolé, et s’apparente à la grève générale de 2009 vécue par  la Guadeloupe et la Martinique. A l’époque fer de lance de la contestation antillaise, le leader syndical Elie Domota n’hésite pas, aujourd’hui, à lier ces conflits. Les «racines du mal» sont selon lui les mêmes, trouvant leur origine dans «le retard de développement, l’illettrisme» ou le manque d’emploi.

Aujourd’hui en ébullition, la Guyane connaît ainsi un taux de chômage de 20% – qui dépasse les 50% chez les jeunes – proche de celui de la Guadeloupe ou encore de La Réunion. Son taux de pauvreté est quant à lui de 44 %. Mais en outre-mer, Mayotte fait pire (84 %). Une situation éco­nomique précaire qui, dans des territoires ultramarins où se concentre une population jeune en forte croissance, entraîne immanquablement des problèmes de délinquance.

Alors que les autorités constataient en janvier que la Guadeloupe reste «frappée par la violence», la Guyane détient pour sa part le triste record du département le plus violent de France, avec 42 homicides recensés en 2016. Un chiffre inquiétant ramené à une population de 250 000 habitants. Et cela sans compter les problèmes migratoires, également rencontrés par Mayotte, ou le fléau du décrochage scolaire, qui touche l’ensemble de ces territoires depuis de nombreuses années, malgré toutes les initiatives mises en place.

Les solutions des candidats

Face à cette situation, l’Etat tente de trouver la parade. Et à moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, la grogne actuelle force les candidats à l’Elysée à faire des propositions. Si François Fillon insiste sur «l’urgence de rétablir la sécurité en Guyane», Marine Le Pen, plaide, elle, pour un meilleur contrôle de l’immigration. A chacun sa méthode, puisqu’Emmanuel Macron prône de son côté une relance économique et des investissements publics. Des idées qui ne font pas retomber la tension. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, accompagné de la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, doivent arriver sur place aujourd’hui.  Et auront la lourde tâche d’éteindre un incendie qui menace de s’étendre.

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