Après deux ans de campagne et près d’un siècle d’attente, c’est officiel depuis ce mercredi soir : Paris organisera bien les Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Un ultime vote des membres du Comité international olympique qui a sonné comme une grande victoire pour Anne Hidalgo, la maire de Paris. Mais l’élue n’oublie pas pour autant que la route est encore longue jusqu’à cette date.
Que ressentez-vous après cette attribution des JO à Paris ?
C’est vraiment quelque chose d’énorme, d’incroyable, de fantastique ! Une opportunité formidable ! Quand on s’est lancé, en 2015, on savait que cette compétition serait très dure, face à des concurrents performants, notamment lors du duel final avec Los Angeles. Et on sort de cette candidature avec une victoire et un très beau partenariat avec le CIO. Je suis très heureuse que les Jeux reviennent à Paris, en France, et en Europe, ainsi que de partager, de porter avec tous les Français cette victoire. On a gagné tous ensemble.
Cette victoire efface-t-elle les échecs en 1992, 2008 et 2012 ?
Quand il a fallu se prononcer en faveur de cette course, je n’ai pas voulu prendre cette décision à la légère. C’était très important pour moi, j’ai vu ce que ça fait quand le rêve se brise. Il était hors de question de refaire vivre cela à ma ville et à mon pays. Mais on ne peut pas toujours rester à se plaindre et dire que ce n’est pas le moment de faire les choses. Je pense au contraire que c’est toujours le bon moment pour agir. Désormais, nous avons le sentiment du devoir accompli avec Tony [Estanguet] et toute l’équipe.
Qu’est-ce qui a fait la différence en faveur de Paris ?
On a conjugué les talents pour élaborer une stratégie gagnante. Les athlètes ont joué un grand rôle, avec leur enthousiasme, leur savoir-faire et leur compréhension du monde olympique. Les politiques ont aussi été très responsables dans leur comportement, tous derrière la candidature. Et il ne faut pas oublier le soutien des grandes entreprises, nos championnes à l’international, ainsi que celui de tout le personnel diplomatique français. Tous ces petits bouts de France ont travaillé avec le même objectif. C’est impressionnant, et lorsque c’est ainsi, les choses réussissent.
Etes-vous confiante sur la capacité de Paris à organiser ces Jeux ?
Je n’ai aucun doute. La confiance que nous a accordée le CIO n’est pas tombée du ciel. Il y a eu un grand travail technique, de conviction, avec des garanties financières de la part de l’Etat et des collectivités, et le soutien du secteur privé. Et il ne reste que 5 % des sites à construire [le centre aquatique, le village olympique et des médias]. Ils se trouveront en Seine-Saint-Denis, et seront ensuite transformés pour bénéficier à ce département. C’est l’un des enjeux de cette candidature.
Le budget sera-t-il bien maîtrisé ?
Le respect du budget est une obligation. Il faut rester sérieux, comme nous l’avons été en portant cette candidature. Et nous ne sommes pas étrangers à ces questions : je suis maire de Paris, je gère un budget, nous n’avons pas le droit de générer des déficits publics. Nous savons ce que nous avons à faire. Et puis nous serons très exigeants, sobres dans l’utilisation des moyens publics, avec une gestion transparente du budget. Nous serons là pour rendre des comptes.
Que répondez-vous à ceux qui doutent de Paris 2024 ?
Un pays qui n’investit pas pour son futur, c’est un pays qui s’arrêterait, qui déclinerait. Il faut se projeter avec optimisme dans l’avenir. On a su se relever des attentats, j’en suis fière, et on ne va pas rester apeurés, à se dire qu’il ne faut rien faire à cause des risques. Mais ce n’est pas seulement une victoire d’un moment, il y a désormais sept ans de travail qui vont dynamiser la France. Ce sera un moteur pour le pays : l’emploi, la transition énergétique ou l’accès des personnes à mobilité réduite. Tout en laissant aussi un héritage immatériel, des valeurs héritées du sport, un horizon pour la jeunesse… Cela n’a pas de prix.