Pour gagner deux heures et voyager dans un plus grand confort, Matignon a affrété un avion privé à 350.000 euros pour le retour de Nouvelle-Calédonie d’Edouard Philippe et sa délégation.
Le Premier ministre était arrivé en Nouvelle-Calédonie via un vol commercial. Le 5 décembre dernier, pour son retour à Paris, un A340 de l’armée de l’air a d’abord été mobilisé pour l’occasion.
Mais lors de l’escale technique à Tokyo, Edouard Philippe et sa délégation ont changé d’avion, embarquant dans un autre A340, version luxe cette fois. L’appareil, loué à l’entreprise privée Aero Vision, comporte entre autres 100 sièges de type première classe. Outre le confort, le voyage aura permis au Premier ministre d’arriver sur le sol parisien deux heures plus tôt que l’avion de l’armée, qui a donc voyagé à vide.
Les services de Matignon ont confirmé l’information, précisant que le coût s’élevait à 6.000 euros par personne, soit «30%» de moins que le déplacement similaire de Manuel valls en 2016. L’avion militaire, assez ancien et dépourvu de sièges business «ne sert pas en temps normal à transporter ni des autorités militaires ni des membres du gouvernement en long courrier et de nuit», ont-ils également justifié.
Matignon a par ailleurs expliqué qu’Edouard Philippe devait rentrer au plus vite, avant le départ du président Macron pour l’Algérie. La règle, qui a connu de nombreuses exceptions, veut que le Premier ministre soit présent en Métropole en l’absence du chef de l’Etat.
Edouard Philippe «assume»
Le Premier ministre lui-même est revenu sur le sujet ce mercredi 20 décembre sur RTL, disant «assumer». «C'est compliqué et cher de déplacer le Premier ministre, je comprends parfaitement la surprise et les interrogations que se posent les Français», a-t-il ajouté.
Reste que l’affrètement du vol privé à 350.000 euros a suscité de vifs commentaires des personnalités politiques. «Près de 300 Smic claqués dans un vol Tokyo-Paris pour éviter une fin de voyage "trop inconfortable" au Premier ministre», a notamment fustigé Florian Philippot. Karim Bouamane, porte-parole du PS, a de son côté dénoncé le «sens des réalités totalement "hors-sol"» des équipes d'Edouard Philippe.
350 000 euros : près de 300 SMIC claqués dans un vol Tokyo-Paris pour éviter une fin de voyage « trop inconfortable » au 1er ministre Edouard Philippe....On croit rêver mais non c’est la triste et inadmissible réalité ! https://t.co/qK6AwPyWi0
— Florian Philippot (@f_philippot) 19 décembre 2017
350 000 euros le vol retour. Pour arriver 2h avant ! Cela fait cher l'heure de vol ! Amateurisme des équipes du PM dans l'organisation et sens de la réalité totalement ´hors-sol ' #tokyoparis #EdouardPhilippe @partisocialiste @fedeps93 @fedeparis1 @yannicktrigance @RachidTemal pic.twitter.com/wcLXN6noqM
— Karim Bouamrane (@karim_bouamrane) 20 décembre 2017
Les internautes aussi ont vivement critiqué le voyage du Premier ministre et de sa délégation.
ÇA PLANE POUR MOI, MOI, MOI... ÇA PLANE POUR MOI
350000€ ! C'est le prix que NOUS avons payer pour que M. Édouard Philippe rentre en avion privé de Tokyo. L'avion du #GVT est par trop inconfortable d'après sa majesté. Il a gagné... 2 h.#Macron#CestKikiPaye pic.twitter.com/EfKJ223Lyo— Tintin Lahurlette (@lahurlette72) 19 décembre 2017
Gaffe Édouard Philippe! l'Etat a une dette colossale et ce genre de légèreté comptable dans l'utilisation de nos impôts est, à juste titre, très mal perçue. https://t.co/94gTVY39oq
— JCG (@Apteam_of_life) 20 décembre 2017
Ce matin, Edouard Philippe répond: «J’assume». En Suède, Mona Sahlin avait été forcée à démissionner en 1995 après l’achat de barres chocolatées et couches avec sa carte de fonction (https://t.co/NN16kmnF8p). Cruel parallèle pour la démocratie française. https://t.co/2nT3MINCRg
— Cédric Garrofé (@cedricgarrofe) 20 décembre 2017
Petite anecdote sur le retour d'Edouard Philippe dans un A340 VIP à 350.000€ ...c'est que l'A340 qui était à sa disposition pour son retour a dû revenir ...à vide !!! La double peine pour les contribuables !!!
— Sam Sonite (@Zam_Zonite) 19 décembre 2017