Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : pour ou contre, quels arguments ?

Bientôt 55 ans que le projet est dans les tuyaux. L'idée de la création d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes remonte à 1963, mais, jugée trop onéreuse,  elle avait été abandonnée avant de refaire surface à l'aube des années 2000, cristallisant les antagonismes. 

Depuis, les coups de théâtre se succèdent. Emmanuel Macron a promis qu'une décision définitive serait prise à la fin du mois de janvier, et le Premier ministre Édouard Philippe s'est rendu sur place samedi 13 janvier, notamment pour y rencontrer le maire de Notre-Dame-des-Landes.

Retour sur les arguments des deux camps. 

Les arguments «pour»

Divers partis politiques ont soutenu ou soutiennent la création d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, aussi appelé aéroport du Grand Ouest, à l'instar des Républicains, de l'UDI ou du parti communiste.

S'ajoutent aux formations politiques des acteurs économiques locaux (chambre de commerce) et des collectifs de citoyens (Oui à l'aéroport). Enfin, l'entreprise Vinci est aussi concernée, puisque c'est elle qui a remporté l'appel d'offres pour la construction de l'aéroport en 2010. 

Un aéroport nantais désengorgé

A quarante minutes de Nantes, la construction d'un aéroport à NDDL permettrait, selon ses partisans, de désengorger l'aéroport existant dont le trafic a doublé en dix ans. 

Si 4,4 millions de passagers transitent par l'aéroport actuellement, ils seront 6 millions en 2030, selon les projections de la DGAC.

Or, l'aéroport n'a qu'une seule piste...

Une économie locale revitalisée

Autre argument de poids pour les partisans de l'aéroport : le développement économique. 

Ils tablent sur la création de 2.500 emplois. 

L'aéroport serait aussi d'après eux un tremplin pour le tourisme et accroîtrait l'attractivité de la métropole face à des villes comme Rennes ou Bordeaux. 

Les arguments «contre»

Là aussi, certains partis politiques se sont positionnés contre la création de l'aéroport à l'instar d'EELV, du parti de gauche, de NPA ou du Modem.

Ils sont rejoints par des associations environnementales (France nature environnement) et des syndicats d'agriculteurs.

Et enfin évidemment par tous les hommes et femmes qui se sont installés dans la zone d'aménagement différé dès 2009, renommée par leur soin «zone à défendre». C'est la fameuse ZAD, qui compterait près de cent cinquante habitants permanents, auxquels s'ajoutent deux cents personnes qui la fréquentent régulièrement, selon une source policière. Les premiers s'y sont installés dès 2008, mais c'est en 2009 que le mouvement s'est intensifié après la tenue d'un Camp Action Climat sur le site.

Ces habitants, très organisés, se réunissent fréquement en une «assemblée des usages», afin de réfléchir à l'usage futur de l'espace dédiée à l'éventuelle construction de l'aéroport. 

Le documentaire de Jean-François Castell «Notre-Dame-de-Luttes» suit le quotidien des zadistes.

Un coût de construction et d'entretien astronomique

Les opposants déplorent la vanité d'un projet au coût colossal estimé à 561 millions d'euros.

Une large partie va être prise en charge par Vinci (315 millions), mais l'Etat et les collectivités locales vont devoir aussi prendre leur part (respectivement 130,5 et 115,5 millions), soit 43,3% du coût total.

Les opposants arguent que le coût réel s'éleverait plutôt à 920 millions d'euros, car il faut prendre en compte l'acheminement des passagers via les différents transports communs.

Aussi, plaident-ils plutôt pour un réaménagement et un agrandissement de l'aéroport existant. 

Un projet néfaste pour l'environnement

Outre l'aspect financier, les opposants au projet estiment que l'aéroport constitue une catastrophe environnementale, car il nécessite la destruction de 1.200 hectares de zones humides.

Des zones sensibles qui sont en réalité très utiles : elles améliorent la qualité de l'eau (en absorbant 16% d'azote), limitent les crues et représentent un refuge pour la biodiversité.