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Le village creusois de Faux-la-Montagne en lutte contre l'expulsion d'un réfugié

Marc Bourgeois, président du comité de soutien aux réfugiés de Faux-la-Montagne, dans la Creuse. [Capture d'écran Vimeo]. [Capture Vimeo]

Le 9 juillet dernier, la mobilisation et la solidarité des habitants du village de Faux-la-Montagne, dans la Creuse, ont permis à Noordeen, un Soudanais de 21 ans, d'éviter de justesse l'expulsion. Mais son avenir reste incertain. 

Arrivé il y a un peu moins d'un an en France, et installé depuis huit mois dans la commune, Noordeen a pourtant eu un parcours des plus chaotiques. 

Selon Marc Bourgeois, un habitant du village qui l'a pris sous son aile, ainsi que trois autres réfugiés soudanais, le jeune homme a en effet vu son père et son frère, assassinés sous ses yeux, dans son pays natal.

N'ayant pas d'autre choix que de prendre la route de l'exil, Noordeen a ensuite passé plusieurs mois en Libye où il a été réduit en esclavage.

Puis, après avoir réussi à prendre la fuite, il est entré en Europe par l’Italie, avant de gagner la France, et Faux, où il tentait d'oublier son passé. Mais, au début du mois dernier, il est convoqué à la gendarmerie et apprend qu’il est sous le coup d’une expulsion.

Grâce à la mobilisation de Marc Bourgeois, mais aussi grâce à celle de 200 autres villageois, révoltés qu'on leur arrache «l'un des leurs», celle-ci sera donc évitée, de justesse.

«Il a rencontré beaucoup de monde, a appris le français et s'est investi. On ne fait pas de différence entre les réfugiés et les jeunes d’ici. S’il y avait des jeunes de Faux-la-Montagne dans cette situation, je voudrais que des gens les accueillent comme ça», a expliqué son protecteur, et par ailleurs porte-parole de son comité de soutien. 

Alors que selon les accords de Dublin, le jeune Soudanais aurait dû déposer sa demande d'asile en Italie, il obtient donc finalement, le 23 juillet dernier, le droit de la faire en France. 

Un processus long et complexe

Pour autant, rien ne dit, aujourd'hui, avec certitude que la demande de Noordeen sera acceptée, puisque celle-ci doit répondre à des critères bien précis.

Inscrit dans la Constitution française et reconnu par la Convention de Genève de 1951, le droit d'asile repose notamment sur un devoir de protection des personnes menacées dans leur pays. Une condition que semble remplir Noordeen s'il peut toutefois convaincre les autorités que ses craintes sont fondées.

Au cours des débats qui ont accompagné la nouvelle loi Asile et immigration, qui doit justement être promulguée à la rentrée, les associations n'ont d'ailleurs eu de cesse d'alerter sur une procédure de demande de droit d'asile décrite comme un «parcours du combattant», et cela alors que le texte vise à raccourcir à six mois, contre onze, l'instruction des demandes.

Au départ, le gouvernement voulait par ailleurs réduire de trente à quinze jours le délai à l’issue duquel une personne peut faire appel du rejet de sa demande d’asile.

Cette disposition, qui était l’une des plus contestées du texte, a été supprimée par le Sénat en première lecture. Les députés n’ont pas rétabli la version initiale.

La Creuse, une terre d'accueil historique

Quoi qu'il en soit, Noordeen et ses compagnons d'infortune, pourront, à coup sûr, compter sur l'aide des habitants de Faux-la Montagne.

Une solidarité qui trouve son origine dans l'histoire même de cette région.

«C’est une terre d’accueil et de résistance, fortement marquée par le communisme rural. Le plateau de Millevaches est l’un des premiers maquis français, et la Creuse a caché nombre d’enfants juifs lors de la Seconde Guerre mondiale», rappelle ainsi Marc Bourgeois, cité par L'Humanité pour expliquer l'aide apporté aux exilés.

Une tradition dont témoigne aussi l’actuelle maire de Faux-la-Montagne, Catherine Moulin, installée depuis trente-cinq ans dans la région.

«François Chatoux, le maire de l’époque, a fait preuve d’une ouverture formidable en faisant tout son possible pour que l’on s’installe. Sa philosophie était d’accueillir tout le monde, sans tri». Une hospitalité inaltérable et qui se perpétue jusqu'à aujourd'hui.  

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