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Vives inquiétudes autour d'un objectif de coupes sombres au ministère des Sports

La nouvelle ministre des Sports Roxana Maracineanu, lors de la cérémonie de passation de pouvoirs à Paris, le 4 septembre 2018 [FRANCOIS GUILLOT / AFP] La nouvelle ministre des Sports Roxana Maracineanu, lors de la cérémonie de passation de pouvoirs à Paris, le 4 septembre 2018 [FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Un objectif assigné par Matignon de supprimer 1.600 postes au ministère des Sports d'ici à 2022, jugé «disproportionné» et «inatteignable», a provoqué de nouvelles inquiétudes vendredi dans le mouvement sportif.

C'est un premier dossier brûlant pour la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui a hérité du poste mardi, après le départ de Laura Flessel.

Dans la lettre de cadrage qui a été envoyée le 26 juillet à sa prédécesseure, et qui peut faire l'objet de nouveaux arbitrages, Matignon fixe le budget du ministère à 450 millions d'euros, soit une nouvelle baisse de 30 millions.

Mais ce n'est pas tout, selon le document consulté par l'AFP : «Dans le cadre du processus "Action publique 2022", vous serez appelés à appliquer un schéma d'emplois de moins 1600 ETP (équivalent temps plein) au cours de la période 2018-2022», ajoute Matignon, qui rappelle la promesse présidentielle de supprimer 50.000 postes de fonctionnaires.

Comment ? Matignon compte «sur une transformation du mode de gestion des conseillers techniques sportifs (CTS) et sur la réduction de leur nombre, ainsi que sur une rationalisation des services déconcentrés».

Au nombre de 1.600, les CTS sont une spécificité du modèle sportif français et traduisent la présence de l'Etat dans le sport. Placés auprès des fédérations sportives, leur rôle est de les aider pour le haut niveau et le développement des pratiques sportives, selon la politique fixée par le gouvernement. Il s'agit des directeurs techniques nationaux (DTN), des entraîneurs nationaux ou de conseillers techniques.

«Disparition du ministère»

«Il n'y a que très peu de sports, comme le foot ou le rugby, où les entraîneurs nationaux ne sont pas des cadres d'Etats», souligne Tony Martin, le secrétaire général du Syndicat national des activités physiques et sportives (Snaps).

«On organise la disparition du ministère des Sports», dénonce le député Nouvelle gauche, Régis Juanico, coprésident à l'Assemblée du groupe de travail sur les Jeux olympiques de Paris-2024, qui parle d'un «effort démesuré, extravagant et injustifié».

le président du Comité olympique français (CNOSF), Denis Masseglia en conférence de presse à la Maison du sport français à Paris, le 11 mai 2017  [FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives]
Le président du Comité olympique français (CNOSF), Denis Masseglia en conférence de presse à la Maison du sport français à Paris, le 11 mai 2017 [FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives]

«S'il fallait quelque chose de plus pour mettre l'incendie...», a soupiré de son côté le président du Comité olympique français (CNOSF), Denis Masseglia. «Il faut très vite qu'il y ait un démenti sur le sujet», a-t-il estimé. Un an après l'attribution des JO à Paris, le président du CNOSF répète volontiers que cette victoire ne s'est traduite par aucun moyen supplémentaire sur le terrain.

L'objectif de réduction est-il seulement atteignable, alors que selon les sources interrogées par l'AFP, le nombre d'agents du ministère des Sports se situe entre 3.000 et 4.000 ? Sous couvert d'anonymat, un proche du dossier en doute mais voit dans l'injonction de Matignon la volonté d'«interroger le statut des CTS», en plein chantier sur le modèle sportif.

Après huit mois de concertation, un consensus a en effet eu lieu cet été autour de la création d'une Agence nationale du sport, où l'Etat ne serait plus le seul décideur mais partagerait la gouvernance avec le mouvement sportif et les collectivités territoriales, qui sont le premier financeur du sport.

Dans cette optique, un transfert des CTS du giron de l'Etat vers les fédérations aura-t-il lieu ?

Interrogé par l'AFP, Matignon a répondu que leur «mode de gestion (...) doit évoluer», sans en dire plus, mais que cela «devra se faire de façon différenciée selon les capacités des différentes fédérations». «Il ne s'agit pas de remettre en cause l'action des CTS mais de les intégrer davantage à la vie des fédérations», ajoute Matignon.

«Beaucoup de fédérations n'auront pas les moyens de les prendre en charge», relève de son côté Régis Juanico.

Du côté du gouvernement, on assure que «la concertation est en cours avec les partenaires, pour que le projet de loi de finances 2019 réponde de manière explicite aux attentes du mouvement sportif».

«Une lettre de cadrage, ça fait l'objet de discussions et ça peut évoluer», note un proche du dossier.

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