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Baisses d'impôts et mesures d'économie au menu du budget 2019

 

Une croissance qui tousse, des réformes présentées comme nécessaires mais pas toujours populaires, le tout sous l'œil de Bruxelles: le gouvernement va détailler lundi sa recette budgétaire pour 2019, chargée de concilier baisses d'impôts et maîtrise du déficit public.

"Nous avons pris des engagements clairs, et nous ne les remettrons pas en cause", avait assuré le premier ministre Edouard Philippe lors de l'université d'été du Medef, en promettant de maintenir le déficit "sous la barre des 3%".

Le bouclage du projet de loi de finances (PLF), qui sera présenté en conseil des ministres avant d'être débattu durant l'automne au parlement, a pourtant obligé Bercy à faire preuve d'imagination, faute de réelles marges de manœuvre.

En cause, notamment: le tassement de la croissance, qui a plafonné à 0,2% au premier comme au deuxième trimestre 2018, obligeant le gouvernement à corriger sensiblement ses prévisions de recettes et sa trajectoire budgétaire.

Evolution trimestrielle de la croissance française en % du PIB depuis le 2e trimestre 2016 [AFP / AFP]
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Evolution trimestrielle de la croissance française en % du PIB depuis le 2e trimestre 2016

 

Selon Bercy, la hausse du produit intérieur brut devrait atteindre 1,7% en 2019, au lieu des 1,9% initialement attendus. Le ralentissement pourrait même être plus marqué que prévu si l'on en croit la Banque de France, qui parie sur 1,6%.

Le budget 2019 était déjà épineux, avec la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisses de charges pérennes.

Cette réforme implique en effet une "année noire" pour les finances publiques, qui devront supporter simultanément le remboursement du CICE pour l'année 2018 et la baisse de cotisations décidée pour 2019, soit une facture globale de 40 milliards d'euros.

L'exécutif devra en outre composer avec la dette de la SNCF Réseau, que l'Insee a décidé d'intégrer à la dette publique, sans attendre sa reprise officielle prévue en 2020 -- ce qui devrait accroître le déficit de 0,1 point de PIB.

Le budget devra en outre graver dans le marbre la nouvelle baisse de la taxe d'habitation, le reflux de l'impôt sur les sociétés et la suppression des cotisations sur les heures supplémentaires.

L'exécutif va vanter un budget qui selon l'Elysée se traduira par un allègement d'impôts de 6 milliards d'euros pour les ménages, malgré des hausses de taxes sur les carburants et le tabac.

- "tout le monde mis à contribution" -

Plusieurs portefeuilles ministériels sont par ailleurs annoncés en hausse. Celui de l'Education nationale augmentera ainsi de 850 millions d'euros. Celui de la Transition écologique gagnera 3,1%.

Pour réussir ce numéro d'équilibriste, Bercy a dû se résoudre à procéder à un tour de vis sur les dépenses.

Le projet de loi de finances comprendra ainsi un quasi gel des pensions de retraite, des allocations familiales et des aides personnalisées au logement, qui ne seront revalorisées que de 0,3% alors que l'inflation est attendue à 1,3%. De quoi économiser près de trois milliards d'euros.

Des efforts seront également demandés aux chambres de commerce et d'industrie, à l'audiovisuel public et l'administration fiscale. La politique de l'emploi, enfin, sera mise à contribution avec une baisse de crédits de 2,1 milliards d'euros, qui passera notamment par une réduction du nombre de contrats aidés.

Côté fonction publique, cette cure d'amaigrissement se traduira par la suppression de 4.500 postes sur le périmètre de l'État, sur un total de 50.000 prévus d'ici à 2022. Les ministères les plus touchés seront les Comptes publics (2.000 postes) et l'Éducation nationale (1.800).

"Tout le monde sera mis à contribution", y compris "les entreprises", a promis le ministre des Finances Bruno Le Maire. Ces dernières devront ainsi patienter dix mois avant de bénéficier d'une baisse de cotisations patronales prévue à l'origine pour le 1er janvier.

Ces mesures seront-elles suffisantes pour que le déficit public reste dans les clous européens? Selon Bercy, le déficit public devrait s'établir à 2,8% du PIB. Un chiffre en hausse de 0,4 point par rapport à la prévision envoyée à Bruxelles au printemps, mais inférieur aux 3% exigés par Bruxelles.

"La barre des 3% ne sera pas loin", souligne Olivier Passet, économiste chez Xerfi, qui invite à la prudence: "le moindre fléchissement de la croissance pourrait mettre à terre les objectifs du gouvernement".

Le Haut conseil des finances publiques, un organe d'évaluation indépendant, a de son côté jugé "réaliste" le scénario macroéconomique du gouvernement, mais l'a aussi mis en garde: ses marges de manœuvre seront limitées "en cas de fort ralentissement de l'activité".

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