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90 femmes ayant eu recours à une PMA à l'étranger dénoncent leur manque de visibilité dans les médias

(Illustration) Manifestation en faveur de l'extension de l'accès à la PMA dans les rangs du défilé de la Gay Pride, en juin 2013[LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Quatre-vingt-dix femmes ayant dû avoir recours à une PMA à l'étranger -à savoir des lesbiennes ou des femmes célibataires- ont publié, jeudi 11 octobre, une tribune sur Franceinfo pour protester contre leur manque de visibilité dans les médias. Alors même qu'elles sont directement concernées par le projet d'extension de l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA). 

«Pourquoi sommes-nous si peu visibles dans les médias, même quand il s'agit de sujets qui nous concernent directement ?», peut-on lire sur le média en ligne. Parmi les signataires figurent l'ancienne capitaine de l'équipe de France féminine de football Marinette Pichon, la journaliste d'Arte Marie Labory, la députée LREM de l'Allier Laurence Vanceunebrock-Mialon et la réalisatrice Emilie Jouvet.

Pour rappel, la loi actuelle autorise seulement les couples hétérosexuels infertiles à procéder à une PMA remboursée en France. Tandis que les femmes célibataires ou les couples de lesbiennes doivent actuellement se rendre à l'étranger (en Espagne ou en Belgique principalement) et payer plusieurs milliers d'euros pour pouvoir accéder à ce type de service médical.

«Nous ne demandons évidemment pas que les désaccords soient tus et muselés, expliquent les signataires. Mais 75% des Français sont favorables à l'ouverture de la PMA, selon un sondage Ipsos-Sopra réalisé pour France Télévisions en juin 2018. Pourtant, à lire ou regarder les infos, on pourrait avoir l'impression que c'est tout le contraire.»

«Les médias responsables»

«C'est ici que les médias sont responsables. Chers journalistes et rédacteurs en chef, pour cinq opposants à la PMA, combien de lesbiennes avez-vous interrogées ? Le décalage est criant et le combat médiatique, inégal, dès le départ», dénonce le texte. 

Depuis quelques mois, de nombreux débats ou interventions s'organisent en effet sur les différents plateaux de télévision ou dans les colonnes de journaux nationaux sur le sujet de l'extension de l'accès à la PMA.

Les quatre-vingt-dix femmes vont alors plus loin considérant qu'il y aurait une forme de lesbophobie dans le traitement médiatique de la question de la PMA pour toutes. «N'y a-t-il pas là une forme de lesbophobie, plus soft, peut-être moins consciente, qu'il serait bon de questionner ?, s'interrogent-elles. Et de poursuivre : «L'idée préconçue, sans doute même pas exprimée, mais qui s'impose à de nombreuses rédactions, qu'une lesbienne, ce n'est pas très 'sexy' médiatiquement ? Qu'elle n'est pas, a priori, 'une bonne cliente' ? Que ce n'est pas 'concernant' pour 'les gens' ? Que celles qui prennent la parole sont 'trop militantes' ?»

La «lesbophobie»dénoncée

«(...) pourquoi personne ne souligne la lesbophobie de la plupart des opposants ? Parce qu'eux-mêmes ont décrété que leur combat n'était pas homophobe ?», se demandent par ailleurs les militantes. 

«En substance, on nous dit que si nous voulons des enfants, n'étant pas stériles, il nous suffit de coucher avec un homme, dénoncent les signataires, avant de préciser : On n'oserait pas si ouvertement suggérer à une femme hétérosexuelle, dont le conjoint est stérile, d'avoir des rapports sexuels avec un inconnu».

Si le débat est d'ores-et-déjà en cours, la présentation du projet de loi se fait attendre, alors que l'extension de l'accès à la PMA pour les femmes célibataires et les couples de lesbiennes était une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron.

D'après le JDD paru dimanche 5 octobre, la majorité envisagerait la création d'une instance, en amont, pour réfléchir sur les éléments de son futur projet de loi bioéthique -et notamment sur la PMA-, le président souhaitant éviter de «brutaliser les consciences»

 

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