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Les députés italiens appelés à adopter le budget in extremis

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte à Rome le 28 décembre. [Alberto PIZZOLI / AFP] Le Premier ministre italien Giuseppe Conte à Rome le 28 décembre. [Alberto PIZZOLI / AFP]

Les députés italiens s'apprêtaient à voter samedi soir, dans une ambiance électrique, la confiance au gouvernement et le budget 2019, le premier de l'exécutif populiste, revu et corrigé après un long bras de fer avec Bruxelles.

Le texte âprement négocié avec la Commission européenne, qui avait rejeté la version initiale - pour la première fois dans l'histoire de l'UE -, a déjà été adopté par le Sénat juste avant Noël.

Les députés sont convoqués à 17H00 (16H00 GMT) et le vote de confiance est prévu dans la soirée, avant une adoption formelle du texte dimanche matin.

Le gouvernement d'union entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), au pouvoir depuis le 1er juin, a dû limiter une partie de ses mesures-phares afin de maintenir le déficit public à 2,04% du Produit intérieur brut (PIB), contre 2,4% au départ. La prévision de croissance 2019 a été abaissée à 1%, au lieu de 1,5%.

L'Italie doit en effet contenir sa dette publique, qui dépasse les 130% de son PIB, pour éviter une sanction des marchés financiers et une procédure d'infraction de l'UE.

Il y a une semaine, il avait déjà fallu un vote de confiance en pleine nuit pour faire passer le budget. Un maxi-amendement reprenant tous les changements décidés par le gouvernement n'avait été présenté aux sénateurs que quelques heures avant le vote.

Car le temps presse pour la majorité : le texte doit être adopté avant le 1er janvier, faute de quoi l'Italie fonctionnera d'un mois sur l'autre avec une réplique du budget 2018. Cela retarderait d'autant la mise en place des mesures dont les partis au pouvoir comptent se prévaloir lors de la campagne des élections européennes au printemps.

L'opposition de gauche comme de droite dénonce avec virulence un manque de respect des institutions, estimant que le budget a été rédigé à Bruxelles sans laisser la moindre marge de manoeuvre au Parlement italien.

Impôts doublés pour les associations ? 

Plusieurs dizaines d'élus et de militants du Parti démocrate (PD, centre gauche) ont manifesté samedi devant la Chambre des députés. Le PD a d'ailleurs déposé un recours devant le Conseil constitutionnel, qui doit en examiner la validité le 9 janvier.

«La nécessité d'éviter la procédure d'infraction (...) nous a obligés à arriver dans la zone Cesarini», a expliqué vendredi en conférence de presse le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, en référence à un footballeur des années 1930 resté célèbre pour ses buts en toute fin de match.

«Il n'y a pas eu de volonté délibérée de la part du gouvernement d'éviter une discussion et de comprimer la durée du débat parlementaire», a-t-il ajouté, en assurant que le budget avait bien été rédigé «en Italie».

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Bruxelles le 24 novembre 2018. [Emmanuel DUNAND / AFP]
Le Premier ministre italien Giuseppe Conte et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Bruxelles le 24 novembre 2018.

Le bras de fer entre gouvernement italien et autorités européennes s'était engagé au début de l'automne, quand Rome avait présenté un projet de budget prévoyant un déficit public à 2,4% du PIB, bien au-delà des 0,8% sur lesquels s'était engagé le gouvernement précédent.

La Commission avait officiellement rejeté ce projet le 23 octobre, une première dans l'histoire de l'UE.

L'accord conclu le 19 décembre avec Bruxelles prévoit plusieurs milliards d'euros d'économies sur les deux mesures-phares du gouvernement : la réforme des retraites, voulue par la Ligue, et le revenu de citoyenneté, un revenu minimum en faveur des plus défavorisés, porté par le M5S. Les deux mesures doivent être lancées en avril.

Mais la gauche et les syndicats prévoient une journée de mobilisation le 12 janvier pour dénoncer en particulier les coupes prévues sur les pensions de retraites.

Et l'impression de précipitation a été renforcée cette semaine par une polémique autour de l'imposition des organisations à but non lucratif. Le taux est passé de 12 à 24%, un ajout de dernière minute qui a fait scandale.

Faute de temps pour renvoyer le texte devant le Sénat, la mesure doit être adoptée, mais l'exécutif a promis de revenir dessus dès janvier.

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