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Emmanuel Macron, 2 ans à l'Elysée : les promesses tenues, les promesses à tenir

La crise des gilets jaunes et le grand débat qui a suivi ont contraint Emmanuel Macron à revoir sa copie de promesses. [© Ludovic MARIN / POOL / AFP]

Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron faisait son entrée à l'Elysée sur la promesse de «transformer le pays» des fondations à la toiture. Tout juste deux ans après, les engagements de celui qui se targue de «faire ce qu'il a dit» sont-ils tenus, abandonnés, ou encore à tenir ?

Les promesses tenues

Le chef de l'Etat a jusqu'ici respecté un total de 47 engagements, aussi bien d'ordre fiscal qu'institutionnel ou sécuritaire, selon le site «Lui Président», qui a passé à la loupe ses 397 promesses de campagne. Au sommaire : instaurer une nouvelle législation antiterroriste, supprimer l'ISF, réduire les cotisations sociales des employeurs, rétablir l'exonération des heures supplémentaires, réduire les charges des indépendants, supprimer la réserve parlementaire, interdire les embauches familiales pour les élus et ministres, aligner la fiscalité du diesel sur celle de l'essence, lancer un service national universel, ou encore interdire les portables en primaire et au collège.

De même, le chef de l'Etat a tenu une petite vingtaine d'autres promesses, mais seulement partiellement car moins ambitieuses ou moins contraignantes que prévues. C'est le cas de la lutte contre les perturbateurs endocriniens ou contre l'optimisation fiscale des grands groupes, du projet de prime annuelle de 3.000 euros pour les enseignants en zone prioritaire, de la fermeture de la centrale de Fessenheim, ou encore de la diminution du nombre de militaires de l'opération Sentinelle.

Les promesses abandonnées

A l'inverse, Emmanuel Macron a écarté une douzaine d'engagements depuis son élection. De fait, il n'a pas respecté le vote en faveur de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, n'a pas créé de ministère plein et entiers des Droits des Femmes, ni un tribunal de première instance dans chaque département. Egalement, il a exclu l'idée d'un «chèque syndical» pour les salariés, écarté l'obligation pour les candidats à une élection d'avoir un casier judiciaire vierge et n'a pas atteint l'objectif de consacrer 0,7% du PNB à l'aide au développement.

Enfin, en matière environnemental, le président a reculé sur le seuil de 50% d'énergie nucléaire (dans la production d'électricité) à l'horizon 2025, ainsi que sur le projet d'augmenter le taux de la taxe carbone, trop rattachée à l'écologie punitive selon lui.

Les promesses à tenir

Elles sont légion, trois ans avant la fin du quinquennat.

Economie. Faire baisser le chômage à 7%, supprimer 120.000 postes de fonctionnaires et réaliser 60 milliards d'économies sur le quinquennat, exonérer 80% des ménages de la taxe d'habitation, baisser l'impôt sur les sociétés à 25%, réduire la part des dépenses publiques à 52% du PIB d'ici à 2022, fusionner les prestations sociales, lutter contre la fraude sociale, aligner le statut des contractuels publics sur le droit commun...

Santé. Appliquer la loi Leonetti sur la fin de vie, doubler le nombre de maisons de santé, développer la télémédecine et les soins à domicile, rembourser à 100% les lunettes et prothèses, dépénaliser l'usage de petites doses de drogues..

Ecologie. Fermer toutes les centrales à charbon, doubler la capacité en éolien et solaire, lutter contre le gaspillage alimentaire, diviser par deux le nombre de jours de pollution atmosphérique, lutter contre l'obsolescence programmée...

Sécurité. Créer 15.000 nouvelles places de prisons, contraventionner certaines infractions (ex. consommation de cannabis), créer une agence pour développer les TIG, ne fermer aucun tribunal...

Institutions. Réduire d'un tiers le nombre de parlementaires, généraliser le vote électronique, supprimer un quart des départements...

Et la liste est encore longue, 295 promesses restant à tenir, selon le site «Lui Président».

Les nouvelles promesses

La crise des gilets jaunes, prévisible mais inattendue, et le grand débat qui a suivi ont finalement contraint Emmanuel Macron à revoir sa copie de promesses. Ce qu'il a fait en annonçant, mi-avril, une baisse des impôts des classes moyennes, la réindexation des petites retraites sur l'inflation, un référendum d'initiative partagée simplifié, une réforme de l'Ena, la suspension des fermetures d'écoles et d'hôpitaux...

Des réformes à la marge, non structurelles et peu susceptibles de modifier le cap économique du quinquennat, certes, mais qui vont demander au gouvernement certains efforts. Avec parfois des équations délicates à résoudre : par exemple, comment «redéployer des services publics sur les territoires» dès lors qu'il est prévu de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires ? De même, comment «lutter contre les inégalités à la naissance» dans un système socio-économique où la reproduction des inégalités à l'école n'est plus à démontrer ? Ou comment efficacement «lutter contre le réchauffement climatique» avec une politique pro-business assumée ? Les réponses sont attendues avant 2022.

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