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Qu'est-ce que le «plan Hercule» ? principal motif de grève des employés d'EDF

Les syndicats ont appelé à une grève «massive» et à un rassemblement à Paris, le jeudi 19 septembre, contre un projet de réorganisation baptisé «Hercule». Les syndicats ont appelé à une grève «massive» et à un rassemblement à Paris, le jeudi 19 septembre, contre un projet de réorganisation baptisé «Hercule». [ALAIN JOCARD / AFP]

Le courant ne passe plus. Les représentants des employés d'EDF ont annoncé une journée de grève ce jeudi 19 septembre contre le projet de réorganisation, nommé «Hercule», et présenté au mois de juin aux syndicats.

Ce plan «Hercule» prévoit la séparation du groupe en deux parties d'ici à 2022. La première, dite «bleue», sera contrôlée à 100% par l'Etat français et ambitionne de renationaliser en intégrant le nucléaire, les actifs hydrauliques et le transport d'électricité (RTE). La seconde, la partie «verte», serait en grande partie nationalisée (65%) avec une introduction en bourse à hauteur de 35%. Elle serait donc ouverte à des capitaux extérieurs et comprendrait Enedis, EDF Renouvelables, Dalkia, la direction du commerce, les activités d'outre-mer et de la Corse d'EDF.

Du côté des syndicats (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC), on dénonce un projet «financier» qui va «découper EDF pour faire la part belle à la concurrence» en séparant la production et la commercialisation de l'électricité. «On privative les gains et on nationalise les pertes», a estimé Hervé Desbrosses de la CFE-CGC. Pour l'intersyndicale, cette réorganisation «pérennise et rend irréversible le dispositif Arenh» (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique) qui contraint EDF à céder un quart de son électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixe (42 euros par mégawattheure), jugé trop bas par EDF pour couvrir ses coûts de production.

En échange de la scission production/commercialisation et de l'ouverture au marché de cette dernière, l'Etat demanderait à la Commission européenne un relèvement du prix du tarif Arenh à 45 euros le MWh, selon Le Parisien, qui révèle qu'un «dossier de pré-notification» serait d'ores et déjà ouvert à Bruxelles sur ces discussions. D'après les syndicats, la notification officielle à la Commission européenne n'est pas prévue avant décembre. Vincent Rodet (CFDT) dénonce «un calendrier confus» . «On commence à comprendre qu'il y a des discussions informelles à Bruxelles et qu'on risque d'être mis devant le fait accompli», déplore-t-il.

«Aucune décision» n'est prise selon le gouvernement

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a affirmé mardi qu'«aucune décision» n'avait été prise pour l'instant quant à une éventuelle réorganisation d'EDF, dont «l'intégrité» sera garantie. À l'Assemblée nationale, en réponse à une question d'Olivier Marleix (Les Républicains), le pensionnaire de Bercy a précisé : «nous garantirons l'intégrité d'EDF et nous ferons en sorte qu'EDF reste le fleuron industriel national qu'il est aujourd'hui».

Quant au gouvernement, il a chargé le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, de lui remettre à la fin de l'année des propositions sur une éventuelle réorganisation. «Ce que nous voulons, c'est permettre à EDF de réussir cette transition énergétique, de continuer à s'appuyer sur l'énergie nucléaire qui est un avantage compétitif considérable pour la France et un avantage pour lutter contre le réchauffement climatique et en même temps nous permettre de développer ces énergies renouvelables», a expliqué Bruno Le Maire.

«Ça suppose de donner à EDF les capacités financières de se développer» malgré sa dette, de «faire ça en préservant une régulation qui protège les Français mais qui soit aussi conforme au droit européen», «et en troisième lieu faire en sorte que nous gardions un coût de l'énergie qui soit compétitif», a développé le ministre.

Inquiets par ce plan de scission, les syndicats ont donc donné rendez-vous jeudi pour une journée de grève qui vise également la réforme des retraites qui remet en cause le régime des Industries électriques et gazières (IEG). 

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