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PMA pour toutes : le vote des députés passé au scanner

Le projet de loi de bioéthique, examiné à partir de ce mardi 24 septembre à l’Assemblée nationale, prévoit d'autoriser les femmes seules ou les couples de femmes à faire un enfant grâce à la procréation médicalement assistée (PMA). Un sujet source de divisions parmi les Français mais aussi chez leurs élus.

En ce sens, la PMA pour toutes provoque des crispations dans chaque camp politique, même si tous les groupes assurent que la liberté de vote de leurs députés sera de mise. Revue de détails des principales tendances qui se dessinent, alors que le texte doit être débattu jusqu'au 9 octobre prochain.

La majorité LREM (304 députés) - largement pour

Engagement d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires est massivement soutenue chez les «marcheurs».

Certains élus LREM, notamment le co-rapporteur Jean-Louis Touraine, voudraient même aller plus loin que le gouvernement en proposant par exemple la PMA post-mortem (avec les gamètes d'un conjoint décédé).

Marie Tamarelle-Verhaeghe, Annie Vidal, Blandine Brocard, Cendra Motin et dix autres parlementaires sont pour leur part opposés à la PMA pour les femmes seules, plaidant pour un «projet partagé entre deux personnes».

Modem (45 députés) - Majoritairement pour

«Les élus du groupe Modem obéiront à leur conscience personnelle», a prévenu le président du parti François Bayrou. Ces députés centristes, de culture démocrate chrétienne, sont majoritairement favorables à la mesure en l'état, en particulier leur chef de file Patrick Mignola.

Certains ont toutefois dit leurs réticences, comme Jean-Louis Bourlanges qui considère que «la 'sexuation' de la famille est absolument centrale». Il envisage donc de s'abstenir.

LES REPUBLICAINS (104 députés) - un vote contre fort et massif en perspective

Les députés LR n'auront ni consigne de vote ni position de groupe sur ce sujet qui «touche à l'intime», a justifié leur patron Christian Jacob - un positionnement habile à l'heure où une partie de la droite entend évoluer sur les questions de société.

Mais une écrasante majorité des parlementaires LR reste opposée à l'ouverture de la PMA. Xavier Breton ou Thibault Bazin notamment dénoncent une «PMA sans père» et un «effet domino» inéluctable vers la légalisation de la gestation pour autrui (quand bien même la GPA, soit le recours à une mère porteuse ne figure pas dans le texte).

Hors Assemblée, l'eurodéputé François-Xavier Bellamy, figure de l'aile conservatrice du parti, a même estimé que la PMA était une «malédiction». Il sera d'ailleurs dans la rue le 6 octobre prochain pour un rassemblement organisé par la Manif pour tous.

Des voix restent favorables à la PMA pour toutes mais peinent à se faire entendre. Maxime Minot en fait partie. Le député de l'Oise a annoncé son soutien «avec quelques collègues» à une «évolution progressiste des mentalités».

UDI / Agir (28 députés) et Libertés et territoires (18 députés) en proie à la division

Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde est «opposé» à la PMA pour les couples de femmes homosexuelles, qui conduit selon lui «immédiatement» à l'autorisation de la GPA au profit des couples d'hommes, au nom de l'égalité.

La PMA pour toutes, c'est «plutôt oui» en revanche pour les députés Agir (pro-Macron) dont Olivier Becht, toutefois «très attentif» à la question de «l'accès aux origines».

Quant au groupe Libertés et territoires, qui rassemble différentes sensibilités (PRG -Le centre gauche, centristes, élus corses...), il devrait majoritairement voter pour, selon son président Philippe Vigier, qui n'exclut pas des votes contre ou abstentions (comme le député Charles de Courson).

Les socialistes (29 députés) à leur grande majorité favorables à la mesure 

Les députés du Parti socialiste (PS) sont largement en faveur de la PMA pour toutes, qui était une promesse de François Hollande sous le précédent quinquennat.

LFI (17 députés) - favorable à la PMA pour toutes (femmes transgenres incluses)

Les députés de La France Insoumise (LFI) sont largement pour l'ouverture de la PMA, qui figurait dans le programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon.

Parmi eux, certains élus défendront même des amendements en faveur d'une extension aux transgenres.

Les Communistes (16 députés) pour la PMA pour toutes

Les députés du Parti communiste français (PCF) sont largement favorables à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, qu'ils ne voient pas simplement comme une réponse à des «aspirations individuelles», mais comme un nouveau «droit collectif».

Même s'ils s'interrogent néanmoins sur le «droit d'accès aux origines», facilité par le projet de loi.

Le Rassemblement national (6 députés) sans surprise contre le projet mais...

«Opposée» au texte en l'état, Marine Le Pen déplore avec l'ouverture de la PMA «la disparition de l'existence de la réalité biologique» d'un père et d'une mère, et redoute un glissement vers la GPA.

Si certains parmi les élus du Rassemblement national (RN) voteront, comme elle, contre, d'autres pourraient toutefois s'abstenir.

Par ailleurs, la présidente du RN n'ira pas manifester le 6 octobre, contrairement à sa nièce Marion Maréchal ou à l'eurodéputé Nicolas Bay. La PMA pour toutes est «une question sensible et c'est à la société de la trancher», par référendum, considère Marine Le Pen.

D'autres députés du groupe d'extrême-droite, comme Emmanuelle Ménard ou Marie-France Lorho, sont vent debout contre le projet de loi.

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