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«Laisserez-vous mourir l'hôpital public ?» : des urgentistes interpellent citoyens et politiques

Les médecins signataires, à l'instar de l'urgentiste Patrick Pelloux, sont tous membres de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf). [JOEL SAGET / AFP].

«Mesdames et messieurs nos concitoyens, laisserez-vous mourir l'hôpital public sans avoir tenté quelque chose ?». Ce sont les premiers mots d'une tribune dans laquelle 13 médecins urgentistes interpellent citoyens et pouvoirs publics sur la situation du système de soins public français.

Parue ce dimanche 10 novembre dans le Journal du dimanche (JDD), cette lettre ouverte intervient quatre jours avant la manifestation nationale pour un «plan d'urgence de l'hôpital public».

«On en vient à se poser la question suivante : est-ce que l'épuisement du système n'a pas été programmé ? Est-ce que tout n'a pas été fait pour que s'effondre l'hôpital public au profit de l'économie ? Le but n'est-il pas de détruire la sécurité sociale et le service public hospitalier ?», interrogent ces médecins, dont l'urgentiste Patrick Pelloux, tous membres de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf).

De «la surconsommation de soins» à «l'hôpital entreprise» 

Retraçant les dérives des années 1980 et 1990 dans la «surconsommation des soins», puis l'arrivée dans les années 2000 de «l'hôpital entreprise», avec l'emblématique système de la tarification à l'acte, les auteurs de ce texte résument la situation actuelle : «notre mission de service public est de tout faire tout le temps, mais le gouvernement ne nous en donne pas les moyens».

Les signataires indiquent citent ainsi en exemple le fait que «lundi 4 novembre à 8 h, trente-cinq patients [ont été] hospitalisés dans les couloirs d'un service d'urgences d'un hôpital parisien».

«Cela signifie que l'hôpital n'a pas pu absorber les trente-cinq patients ayant nécessité une hospitalisation au cours du long week-end». Par conséquent, selon leurs estimations, «il a manqué trente-cinq lits d'hospitalisation, soit deux infirmiers, deux médecins et deux aides-soignants».

Des postes vacants, en raison de salaires «très bas»

Pour autant, si les postes de soignants sont vacants, c'est aussi parce que, disent-ils, «les conditions de travail [sont] trop difficiles [et] effrayent les plus altruistes avec des salaires très bas».

Alors que la France est au vingt-sixième rang de l'OCDE pour les salaires des infirmières, «il manque des médicaments, des brancards, des lits mais aussi les humains pour occuper les services, pour s'occuper des patients».

Dressant le constat selon lequel «le démantèlement est en cours d'achèvement», ils assurent «qu'en épuisant les soignants, on les a fait fuir».

«Non seulement l'hôpital public est déficitaire, mais il deviendra inefficace puisque incapable de remplir sa mission de continuité des soins pour tous», avertissent-ils.

En conclusion, il est urgent d'agir au plus vite pour «l'ouverture de lits, l'augmentation du budget de l'hôpital, des effectifs et des salaires, ainsi que pour l'arrêt de la facturation à l'acte». Des demandes comme tout autant de revendications pour la mobilisation du 14 novembre.

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