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Violence des enfants : le Défenseur des droits alerte les institutions

Le rapport met en lumière les négligences et les carences qui persistent au sein des institutions publiques. Le rapport met en lumière les négligences et les carences qui persistent au sein des institutions publiques. [©Martin BUREAU / AFP]

Une réalité douloureuse. Faits de harcèlement, humiliations, agressions sexuelles…De nombreux cas de violences physiques et psychologiques sont recensés dans les écoles, les services sociaux, les foyers, ou encore les établissements pénitentiaires pour mineurs.

Face à ce constat, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, et la Défenseure des enfants, Geneviève Avenard, son adjointe, appellent à mieux garantir les droits des enfants, dans leur rapport annuel rendu public hier, à deux jours de la Journée internationale des droits de l’enfant. Intitulé «Enfance et violence : la part des institutions publiques», il met en lumière les négligences et les carences qui persistent au sein des institutions publiques, alors que leur rôle est précisément d’accueillir, d’éduquer ou même de protéger les enfants déjà maltraités dans leur propre foyer.

Une situation préoccupante

Les enquêtes sectorielles menées au sein des institutions sociales, judiciaires ou encore et médico-sociales, indiquent que les enfants sont encore trop souvent victimes d’actes commis par des professionnels ou par leurs pairs. Selon une étude de l’Institut national des é́tudes démographiques (Ined) citée ans le rapport, huit femmes sur mille et trois hommes sur mille déclarent avoir subi des violences commises par des professionnels pendant leur minorité.

Pourtant, il pèse sur les services publics «une obligation de protection à l’égard des enfants et de lutte contre ces violences», rappelle  Jacques Toubon. Ce rapport révèle qu’un grand nombre de ces violences se seraient produites dans le cadre de la scolarité : à hauteur de 20 % pour les femmes et de 50 % pour les hommes. Les garçons seraient par ailleurs plus souvent victimes que les filles lorsque les faits sont commis par un éducateur, un animateur ou un travailleur social.

C’est pourquoi, le Défenseur des droits insiste sur la nécessité de rendre obligatoire la consultation systématique des antécédents judiciaires de toutes les personnes travaillant auprès de mineurs en amont du recrutement. Le rapport fait vingt-deux recommandations, dont notamment l’urgence de mettre des moyens supplémentaires pour parvenir à réduire les délais de traitement des demandes, qui sont en moyenne de trois mois et vingt jours, et le renforcement des effectifs, alors que les travailleurs sociaux doivent accompagner en moyenne 40 enfants. Il alerte en outre sur la situation critique du 119, le service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger, qui ne peut pas répondre immédiatement à tous les appels qu’il reçoit, faute de moyens.

Les mesures de l’Etat

Si les failles sont criantes, l’Etat ne reste pas inactif. Outre la loi relative à l'interdiction des violences éducatives ordinaires, dite «loi anti-fessée», adoptée en juillet, le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance Adrien Taquet, a dévoilé une stratégie pour lutter contre la maltraitance, qui se déploiera à partir de janvier prochain.

Attendu depuis longtemps par les associations de protection de l'enfance, elle vise notamment à changer le regard de la société sur les enfants pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance et à leur donner la parole, mais aussi à mieux prendre en considération leurs avis et les situations difficiles qu’ils vivent.

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