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L'usine Lubrizol de Rouen reçoit un avis favorable pour une réouverture dans les prochains jours

De nombreux élus locaux s'opposent à la réouverture de l'usine. De nombreux élus locaux s'opposent à la réouverture de l'usine. [JEAN-JACQUES GANON / AFP]

Le Comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) a émis un avis positif ce mardi pour la réouverture partielle de l’usine chimique Lubrizol de Rouen, 3 mois après l’incendie qui l’a ravagée.

Voté à vingt voix contre quatre, l’avis du Coderst rejoint celui donné la semaine dernière par la Direction régionale de l’Environnement, qui avait jugé le dossier de l’entreprise «techniquement sérieux et crédible». La réouverture ne concernerait que deux ateliers chargés des mélanges de produits, précise la préfecture de Seine-Maritime. Les stocks de produits finis conditionnés devraient être diminués de 93%. 

Un arrêté préfectoral devrait être signé dès vendredi 13 décembre. Le préfet Pierre-André Durand rappelle tout de même qu’«aucune réouverture totale ne pourra en tout état de cause intervenir à l’identique». 

risques pour la population

La métropole de Rouen a voté contre la réouverture de l’usine lors de la concertation menée par le Coderst. Yvon Robert, président de la métropole, souligne qu’aucune date de mise en œuvre n’a été communiquée pour les nouvelles prescriptions que l’usine Lubrizol s’engage à suivre. Il souhaite que «des spécialistes privés et publics de la sécurité industrielle […] reconnaissent qu’un risque d’incendie, indépendant du processus de production, a été sous-estimé. Il faut reconnaître formellement que les stockages étaient trop importants». 

Plusieurs élus locaux, dont Jean-Michel Bérégovoy et Françoise Lesconnec, adjoints au Maire de Rouen, dénoncent dans une tribune publiée dans Libération la réouverture précipitée de l’entreprise, en dépit des risques pour les riverains. Ils remettent en cause la légitimité des personnes présentes à la réunion du Coderst pour décider de l’avenir de l’usine, parmi lesquelles, la directrice adjointe de Lubrizol :  «Ces mêmes personnes avaient autorisé par deux fois cette année l’extension de la capacité de stockage du site sans enquête environnementale». 

Pour les groupes d’élus écologistes Décidons Rouen et EELV Rouen, qui envisagent un recours contre la réouverture du site, cette décision témoigne d’un «mépris insupportable pour la population locale». 

des emplois menacés

Dans une lettre ouverte, Jean-Luc Léger, Président du Conseil économique social et environnemental régional (Ceser) de Normandie interpelle le Premier ministre Édouard Philippe sur la nécessité de rouvrir l’usine Lubrizol : «des emplois et des ressources financières en dépendent», martèle-t-il. Une grande partie de l'activité économique de bassin rouennais repose en effet de la chimie et de la pétrochimie. «Si l'usine Lubrizol denait à fermer, [...] je crains que l'effet domino ne fasse que s'accélérer», ajoute-t-il. 

Dans un entretien accordé à L'Usine nouvelle, le Président de Lubrizol France, Frédéric Henry, fait planer la menace d'une fermeture totale de l'usine si elle reste inactive trop longtemps : «Nous ne pourrons pas rester à l'arrêt pendant six mois. Si c'était le cas, ce serait pour nous synonyme d'arrêt pur et simple.» Près de 370 emplois seraient alors menacés. 

Le 26 septembre dernier, plus de 5.000 tonnes de produits chimiques ont brûlé lors de l'incendie de l'usine. 

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