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Pesticides : alerte et demande de retrait pour les fongicides SDHI

Les SDHI sont pulvérisés pour éviter les moisissures de se développer sur les céréales ou les fruits.[AFP]
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Les pesticides à base de SDHI sont dans le viseur. Des ONG ont demandé le retrait de plusieurs d’entre eux, largement utilisés en agriculture, tandis qu’au même moment, une tribune de scientifiques et médecins réclamait l'arrêt de leur utilisation en milieu ouvert.

Les SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) sont utilisés pour détruire les moisissures se développant sur les céréales ou les fruits. Ils bloquent une étape clé de la respiration des champignons, empêchant ainsi leur développement. Ils sont également utilisés sur les pelouses de terrains de sport ou les parcours de golf.

Des scientifiques ont alerté sur leur possible dangerosité, en reprenant notamment une étude publiée en novembre dans la revue américaine Plos-One, ayant mis en évidence que le processus respiratoire de cellules humaines, d'abeilles et de vers de terre était également affecté en laboratoire par ces SDHI.

le principe de précaution invoqué

Les ONG Nous voulons des coquelicots, Générations futures et France nature environnement ont annoncé mardi l'envoi d'une lettre pour demander à l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) de retirer l'autorisation de trois produits à base de SDHI, sur les 150 environ autorisés en France. Elles ont indiqué vouloir cibler des produits de «dernière génération».

Soutenues par des parlementaires comme Delphine Batho (Génération écologie), Loïc Prud'homme (LFI) ou Joël Labbé (EELV), elles dénoncent les SDHI comme une «grave menace pour tout ce qui est vivant», selon Fabrice Nicolino, des Coquelicots, et appellent au «principe de précaution».

En cas de réponse négative ou de non-réponse dans les deux mois de l'Anses, elles saisiront le tribunal administratif pour obtenir le retrait de leurs autorisations de mise sur le marché, à l'instar d'une récente décision concernant deux pesticides accusés de présenter un risque pour les abeilles.

Cette demande intervient au moment où quelque 450 scientifiques ont appelé dans une tribune publiée par Le Monde à «mettre en œuvre au plus vite l'arrêt de l'usage des SDHI en milieu ouvert». Ils estiment que les dernières études «laissent prévoir le risque additionnel chez l'homme d'une catastrophe sanitaire liée à leur usage».

«aucun signal sanitaire identifié»

Le patron de l'Anses, Roger Genet, a de son côté estimé «qu'en l'état actuel des connaissances», l'agence n'avait pas matière à revenir sur ses autorisations. «Nos travaux continuent» a-t-il déclaré, alors que l'Anses a lancé ou finance plusieurs travaux sur les SDHI. L’agence a par ailleurs transmis ces éléments nouveaux aux instances européennes, niveau d'autorisation des substances actives des SDHI, a-t-il souligné.

L'union des industries des produits phyto-sanitaires (UIPP) a estimé dans un communiqué que la démarche des ONG relevait d'une «lecture résolument excessive du principe de précaution» alors «qu'aucun signal sanitaire n’a été identifié, à ce jour».

Les débats se multiplient ces derniers temps autour des pesticides et de leur utilisation pour l’agriculture. Une distance minimale d’épandage par rapport aux habitations a été fixé en novembre dernier à 5 et 10 mètres (selon les types de cultures) par le gouvernement. Une décision qui ne satisfait ni les associations écologistes, ni les agriculteurs, chacun pour leurs raisons.

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