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Le carnaval d'Alost indigne après le défilé de caricatures antisémites

Les images postées sur les réseaux sociaux ont indigné de nombreux internautes mais aussi des dirigeants belges. [Nicolas MAETERLINCK / BELGA / AFP]

Le carnaval belge d'Alost a récidivé. L'évènement, rayé du patrimoine immatériel de l'Unesco l'année dernière après avoir été accusé d'antisémitisme, a de nouveau indigné pour son édition 2020.

En cause, de nouveaux défilés de caricatures censées représenter des juifs. Sur les photos partagées sur Twitter, on peut voir des personnes parader en arborant des uniformes de SS, ou des déguisements de cafards pour représenter des juifs orthodoxes. Des chars affichant des caricatures antisémites ont également défilé pendant le carnaval.  

Raphael Glucksmann, cofondateur du mouvement Place Publique qui a relayé des photos de l'évènement sur son compte Twitter, a vivement réagi. «Les Juifs sont de la vermine (de la vermine pleine de fric qui contrôle le monde quand même) et les nazis sont des gars sympas que les enfants applaudissent et avec qui on a bien envie de boire une bière. Bienvenue au carnaval d’Alost en 2020, en Belgique, cœur de l’UE. Dégénérés», a écrit le député européen, ulcéré. 

Les images postées initialement par une journaliste ont indigné de nombreux internautes.  

«C'est effroyable», ont commenté des utilisateurs de Twitter. «Hallucinant et inquiétant», a estimé un autre twittos. «HONTE !!! HONTE !!! HONTE !!!», s'est encore insurgé un internaute. 

«Simplement scandaleux et probablement condamnable», a jugé une autre personne en commentaire du tweet de Raphaël Glucksmann. 

«Ceci n'est plus du Carnaval, où l'offense est permise. Ceci est de l'appel à la haine, assumé», a fustigé un autre internaute. 

«Ce n'est pas une parade antisémite, Alost n'est pas une ville antisémite»

Le maire de la commune d'Alost qui accueille l'évènement festif depuis 600 ans avait balayé les critiques par avance plus tôt ce dimanche. «Laissez Alost être Alost», avait prévenu dans la matinée l'élu nationaliste flamand (N-VA) Christoph D'Haese, pointant du doigt les critiques «disproportionnées» venant notamment de voix officielles israéliennes.

«Ce n'est pas une parade antisémite, Alost n'est pas une ville antisémite», avait martelé le bourgmestre. 

Des propos qu'il a de nouveau tenus plus tard dans la journée. Le maire «ne voit aucun problème avec les représentations de Juifs qui ont été visibles lors du carnaval de sa ville, ce dimanche. Elles ne peuvent selon lui pas être qualifiées d'antisémites», a rapporté la journaliste Isabelle Kersimon sur Twitter. 

Retrait du patrimoine de l'Unesco en 2019

Une vaste polémique avait suivi l'édition 2019 de ce carnaval, quand un char caricaturant des juifs orthodoxes aux nez crochus, assis sur des sacs d'or, avait pris part au cortège. Elle avait abouti au retrait du carnaval de la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, une mesure inédite. L'organisation onusienne avait fustigé lors d'une réunion décisive en décembre les «répétitions récurrentes de représentations racistes et antisémites» dans la manifestation. 

Sur place à Alost, personne pourtant n'estime avoir manqué de respect aux Juifs, d'après les témoignages recueillis dimanche par l'AFP. Le char controversé de 2019 relèverait d'une simple incompréhension. «Ils n'ont jamais eu l'intention de se moquer des Juifs et de blesser, l'attention des médias est complètement exagérée», lâche un infirmier de l'hôpital d'Alost, qui préfère taire son nom. 

«La censure du politiquement correct»

Dans le défilé cette fois, plus de trace de sacs d'or, mais les deux papillotes tombant d'un grand chapeau de fourrure noir, accessoire caractéristique des juifs orthodoxes, sont visibles un peu partout. Certains ont choisi d'ajouter à ce déguisement un masque en faux cuir ressemblant à une muselière pour symboliser la «censure» imposée par le «politiquement correct».

Outre les caricatures représentant des juifs, d'autres faisaient référence à la famille royale, ou encore à l'Unesco, moquée en «Big brother» qui surveille et punit.

Pour le maire, il faut prendre en considération «le contexte global» de l'événement, qu'il a comparé à un «rituel d'inversion». Pendant trois jours «les pauvres deviennent riches, les riches deviennent pauvres, les hommes des femmes et les femmes des hommes», a dit l'élu. «Ici on rit de tout, de la famille royale, du Brexit, de la politique locale et nationale, et de toutes les religions, l'islam, le judaïsme, le catholicisme», a assuré M. D'Haese. 

Des dirigeants belges montent au créneau

La Première ministre belge Sophie Wilmès avait commenté le défilé controversé avant l'ouverture de son édition 2020. Dans l'expectative, elle indiquait qu'il s'agirait de voir «si les faits qui s'(y) sont déroulés enfreignent la loi». «L'utilisation de stéréotypes, de référents stigmatisant des communautés, des groupes humains sur base de leurs origines conduit aux divisions et met en péril le vivre ensemble», a averti cette libérale francophone en référence aux caricatures de Juifs.

Certains «confondent liberté d'expression et bêtise coupable», a de son côté fustigé Johan Benizri, qui préside le Comité de coordination des organisations juives de Belgique.

Le Maire de Bruxelles a également condamné les caricatures du carnaval d'Alost. «L’obstination dans l’erreur tourne au ridicule et à l’injure! Cela donne une image calamiteuse de la Belgique et de la Flandre. L’humour de certains reste incompréhensible... », a-t-il notamment écrit sur son compte Twitter. 

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