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Municipales à Paris : un trio de femmes, une bonne nouvelle pour la parité ?

A Paris, les femmes arrivent en tête des sondages. A Paris, les femmes arrivent en tête des sondages. [© BERTRAND GUAY / JOEL SAGET / AFP]

C'est une grande première dans l'histoire de la capitale. Trois femmes – Anne Hidalgo, Rachida Dati et Agnès Buzyn – sont désormais candidates à la mairie de Paris, à la suite du départ précipité de Benjamin Griveaux de la course aux municipales. Un trio de femmes qui devrait arriver en tête des élections dès le premier tour.

Et si la mairie de Paris était une affaire de femmes ? Après le duel Anne Hidalgo/ Nathalie Kosciusko-Morizet en 2014, ce sont désormais trois femmes candidates qui ont pris le lead de cette campagne 2020, décidément pleine de rebondissements, avec l'arrivée in extremis de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour remplacer Benjamin Griveaux.

Et force est de constater que ces trois femmes caracolent en tête. Dans le dernier sondage paru ce dimanche 1er mars, les trois femmes sont désormais au coude-à-coude, avec 25 % d'intentions de vote pour Rachida Dati («Engagés pour changer Paris»), 24 % pour Anne Hidalgo («Paris en Commun») et 20 % pour Agnès Buzyn («Ensemble pour Paris»). Une triangulaire inédite à Paris qu'il convient de souligner.

«L'élection parisienne reste une exception»

«Le fait que trois femmes soient à la tête de grands partis pour les municipales parisiennes est évidemment un signal positif pour la parité», témoigne ainsi Ursula Le Menn, porte-parole d'Osez Le Féminisme!, qui souligne pour autant que «l'élection parisienne reste une exception» en la matière dans le pays.

Pour elle, la parité est en effet «très loin d'être acquise». Pour le démontrer, Ursula Le Menn a même mené sa propre enquête, en examinant les listes des six plus grands partis politiques dans les dix plus grandes villes. «Les résultats sont désastreux : 29 % seulement de femmes sont têtes de liste (40 % pour LFI et PS, 30 % pour LR et LREM, 20 % pour EELV et... 10 % pour RN !)», explique-t-elle. Et de continuer, en France, «dans les faits, 84 % des maires et 92 % des présidents d'intercommunalité sont des hommes» et ce, alors même que la parité est obligatoire sur les listes municipales des villes de plus de 1.000 habitants.

Un avis partagé par Cécile Delozier, pour qui la présence de femmes s'explique en grande partie par la promulgation de la loi sur la parité, qui oblige depuis 2000 les partis politiques à présenter un nombre égal d’hommes et de femmes lors des élections. Mais selon cette experte en communication politique et fondatrice de Charisma, cette parité se traduirait malheureusement – selon des études – par «une paupérisation du métier», qui entraînerait la fuite des hommes.

La politique intéresserait-elle moins les hommes ?

La question est donc posée. La place (plus importante) dévolue aux femmes à l'échelle de la politique locale s'expliquerait-elle par le repli des hommes ? En l'occurrence, à Paris, cette seule explication n'est pas suffisante, puisque sur neuf candidats déclarés pour le poste de maire de la capitale, seules quatre sont des femmes. Les hommes restant majoritaires, avec cinq candidats.

En toute logique, il faut juste comprendre que ces candidates – investies comme telles par les grands partis nationaux – sont juste les plus compétentes à ce poste. Et non pas choisies parce qu'elles sont des femmes. Et c'est un fait selon Ursula Le Menn, «les femmes sont tout aussi compétentes que les hommes, elles sont tout aussi légitimes à être candidates, voilà tout. Nous devons tout faire pour aller dans ce sens».

Et il faut même pousser le raisonnement plus loin selon la porte-parole d'Osez Le Féminisme!, qui assure que «la parité ne passe pas uniquement par l'élection de la mairesse ou du maire», mais aussi «par la répartition des postes au sein même des municipalités». Selon elle, les hommes s'arrogent en effet «les postes les plus hauts placés et beaucoup de délégations parmi les mieux dotées en budget restent des bastions masculins (finances, aménagement du territoire, développement économique...) selon des stéréotypes sexistes trop ancrés».

Une capitale déjà acquise à la cause féministe

Même si la capitale fait figue de bonne élève dans ce domaine, «la parité n'est acquise nulle part et sa progression reste très fragile, que ce soit à Paris ou ailleurs», répond Ursula Le Menn, pour qui la représentation paritaire de nos élus est «un message positif», loin d'être suffisant si l'on considère que seules les compétences de ces derniers devraient être prises en compte.

A l'échelle parisienne, Anne Hidalgo – la première femme élue maire de la capitale – a d'ailleurs tenu à cette parité, nommant 14 femmes parmi ses 27 adjoints, dont certaines occupent des postes clés, tels que l'environnement, la sécurité, le commerce ou encore l'accueil des réfugiés.

«Le pouvoir des représentations est primordial pour normaliser une répartition non sexiste des fonctions politiques. Les municipalités ont une place essentielle pour construire une ville féministe et des politiques municipales en faveur de l'égalité femmes-hommes et la parité est un prérequis nécessaire pour construire des villes sans sexisme», cloncut Ursula Le Menn. 

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